Annales des Mines (1912, série 11, volume 1) [Image 40]

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roche stérile s'y mêlent encore ; il constitue parfois des plaques homogènes assez épaisses. C'est cette zone d'enrichissement qui, jusqu'ici, a été seule exploitée. Dans les gîtes de nature filonienne qui ne résultent pas de l'incrustation d'une véritable cassure, les minerais carbonatés n'existent pas ou ils sont extrêmement rares ; il y a passage direct des oxydes à la pyrite. Je crois qu'on doit ranger, dans cette catégorie de gisements, ceux de la région de Bône. Ils sont liés à des bancs calcaires intercalés dans des gneiss et des micaschistes. En surface le minerai est un mélange de magnétite et d'hématite ; cette seconde espèce disparaît rapidement et on se trouve en présence d'un cipolin imprégné de magnétite ; mais, à mesure qu'on s'éloigne des affleurements, la proportion de soufre augmente et la pyrite s'individualise même en mouches et en filets. Ce dernier corps est d'ailleurs très fréquent dans les roches encaissantes. 11 semble donc qu'on puisse considérer que le gîte primitif était constitué par des lentilles de calcaire pyriteux dont les parties voisines du sol sont passées à l'état d'hématite à gangue calcaire ; cette hématite elle-même a été métamorphisée en magnétite, sans doute en mêm? temps que les autres sédiments subissaient la transformation qui les a amenés dans leur état actuel, gneiss, micaschistes, amphibolites, calcaires cristallins. L'hématite qu'on rencontre à proximité de la surface proviendrait alors d'une modification secondaire de la magnétite. Il semble aussi que la zone supérieure du gisement ait subi un enrichissement notable. Des phénomènes . analogues à ceux que je viens de décrire s'observent dans la région du Filfila : oxydation et remise en mouvement superficielles ; passage de la magnétite et de l'hématite à la pyrite disséminée dans les roches encaissantes. Les plus importants des gîtes de fer algériens proviennent de la transformation métasomatique de bancs

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calcaires. Pour expliquer ces amas souvent considérables, J. Pouyanne admettait des émissions d'eaux chargées de fer, sans doute à l'état de sulfate. Il est plus probable qu'il les faille lier à des gîtes sulfurés d'origine filonienne, dont les minerais ont subi des phénomènes d'oxydation et de remise en mouvement, mais il est impossible de dire quelle était la forme primitive des gisements . Souvent, le calcaire aux dépens duquel s'est formé l'amas contient des mouches de pyrite de fer ; cette espèce minérale est aussi parfois disséminée ou forme des filonnets dans les schistes au voisinage du gisement ; elle est alors presque toujours accompagnée de chalcopyrite et le cuivre se retrouve, dans l'hématite, à l'état de cuivre gris, de malachite et d'azurite. Il est même un cas, celui de Rar el Maden, dans lequel il semble que l'on aperçoive le mode originel de gisement du fer. La transformation en hématite qui intéressait la surface entière de l'affleurement n'affecte, plus bas, qu'une partie de la section de l'amas, partie qui diminue quand on descendre reste de la masse minérale est constitué par de la sidérose ; alors aussi la pyrite fait son apparition, formant, au milieu du carbonate, de gros rognons atteignant jusqu'à 1 mètre de diamètre ; on a aussi rencontré des boules de galène. Le gîte de Rar el Maden ne paraît donc différer de ceux décrits dans le paragraphe précédent que par le grand rôle qu'y joue le métamorphisme superficiel. On verra, par les chapitres suivants, que, dans un très grand nombre de cas, la métasomatose a porté sur les calcaires massifs du lias moyen : région tellienne des départements d'Oran et d'Alger, Kabylie des Babors ; mais cela tient uniquement à ce fait que, dans ces zones, le lias est souvent le seul étage géologique qui soit constitué par des calcaires francs ; lorsqu'il en est autrement, la transformation porte également sur des assises jurassiques, crétacées ou éocènes.