Annales des Mines (1912, série 11, volume 1) [Image 39]

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Je crois qu'on doit considérer les gîtes d'Ain Sedma comme des gîtes de ségrégation ou de départ ; ce sont de. ; petits amas de pyrite de fer, dont la partie haute est . constituée par un mélange de magnétite et d'hématite. Ils sont encaissés dans une serpentine qui parait provenir d'une péridotite, au contact ou au voisinage de filons de microgranite ou de rhyolite ou de terrains sédimentaires (marnes et grès de l'éocène supérieur). On peut en rapprocher les poches d'argile à blocs de fer chromé et les veinules de giobertite ou de dolomie nickelifères d'Euch el Bez qui en sont situées à faible distance et sont aussi incluses dans la serpentine. Les gisements de nature filonienne sont fort nombreux. Dans un grand nombre de cas, il y a eu incrustation d'une fracture; mais, dans d'autres, le minerai est disséminé en filets, en rognons ou en mouches dans des calcaires, s'interstratifie en lentilles dans des schistes, imprègne des grès. Il est cependant possible que certains grès ferrugineux de l'éocène supérieurdoivent être considérés comme de véritables gîtes sédimentaires; l'étude,' au moyen du microscope, de la texture de leurs minerais fournirait sans doute des éclaircissements à ce sujet. Dans tous les véritables filons, le minerai de fer ren-contré dans les travaux les plus profonds est la sidérose ; la partie du gîte voisine de la surface est seule constituée par un mélange d'hématite et de limonite ; mais, aussi bien dans la région des oxydes que dans celle du carbonate, apparaissent des minerais sulfurés :- cuivre gris et chalcopyrite, galène, blende, cinabre et pyrite de fer, en veinules ou en rognons. De la sorte, s'il est certain que les minerais primitifs étaient sulfurés, nulle part on n'a atteint cette zone non oxydée : tous les travaux exécutés sur les filons sont peu éloignés de la surface parce que l'étude de ces gîtes est encore incomplète et aussi parce que l'éparpillement des substances utiles en minces

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veinules est tout à fait fréquent et rend rapidement toute tentative d'exploitation inutile. On verra plus loin que des gisements de ce mode ont été explorés et exploités dans deux régions du département d'Alger : bande littorale des collines situées au Nord des Zaccars — massif de Brida. Dans la première, les assises encaissantes appartiennent au crétacé moyen ou supérieur ou au miocène inférieur : ce sont des argiles, des calcaires très marneux, des poudingues et des grès. Les fentes filoniennes, souvent assez larges au voisinage de la surface, sont en grande partie remplies par les débris des terrains dans lesquels elles sont ouvertes ; la dispersion en veinules se produit partout, aussi bien en direction qu'en profondeur. Les mêmes faits peuvent se constater dans la partie Est de l'Atlas blidéen, constituée d'ailleurs par des assises analogues à celles de la zone côtière. Au contraire, dans le djebel Mouzaïa, les filons traversent des schistes et des quartzites assez rigides (silurien etnéocomien) ; ils peuvent alors se suivre en direction sur de grandes longueurs ; on ne sait cependant pas encore comment ils se comportent en profondeur. ■ Dans l'une et l'autre région, la transformation de la sidérose en hématite et en limonite s'arrête à une faible distance du sol et, en tout cas, au-dessus du fond des vallées actuelles; les oxydes forment une bande suivant presque toujours les ondulations superficielles et dont la hauteur est variable : elle atteint rarement 100 mètres, û en a le plus souvent que 25 et tombe même parfois à 5 ou 6 mètres. Au moins dans les collines littorales, outre la décarbonatation de la sidérose, il semble qu'il y ait eu des phénomènes de remaniement limités au voisinage des affleurements ; dans cette partie tout à fait haute des gîtes, le minerai est plus concentré, bien que les débris de la