Annales des Mines (1911, série 10, volume 20) [Image 214]

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LES CATASTROPHES DU PUITS WEST STANLEY

ET DU PUITS PRETORIA

à la condition toutefois que la toile placée à l'entrée de cette taille fût bien baissée ; or elle ne l'était pas tou- 1 jours, car un témoin rapporte qu'il ne la trouva pas en place la nuit qui précéda l'accident. Il est, d'autre part, établi que le dégagement de grisou, dans ce traçage, était assez important pour donner lieu à de sérieuses accumulations de gaz. C'est ainsi qu'à la suite d'un éboulement qui avait eu lieu le 4 décembre, et au cours de travaux de relevage et de remblayage de la cloche, qui durèrent une dizaine de jours, un ouvrier subit un commencement d'asphyxie dû au grisou. Également peu de temps avant l'accident, des hommes remontant le roulage principal, retour d'air des travaux, avaient eu leurs lampes éteintes par le grisou, 10 mètres environ avant d'arriver à hauteur de la taille n° 1. Des témoins ont déclaré qu'ils savaient qu'il y avait du gaz dans le montage la nuit qui précéda l'accident. Enfin, quelques jours après l'explosion, nous avons constaté dans le chantier de traçage, encore partiellement rempli de gaz, un fort dégagement de grisou. La présence d'un mélange grisouteux explosif dans le chantier de traçage ou à son voisinage, au moment où eut lieu l'explosion, est donc sinon absolument prouvée, du moins parfaitement vraisemblable. Il reste à préciser la cause d'inflammation. On a suspecté une lampe de sûreté, non avariée, mais présentant de forts signes d'échauffement, et l'interrupteur électrique du convoyeur. L'hypothèse de la lampe pouvait être retenue, à défaut d'une meilleure hypothèse, avant que ne fussent connus certains faits caractéristiques relatifs à l'interrupteur ; mais la lampe incriminée était près de la tête du convoyeur, donc à une certaine distance de l'accumulation probable de grisou et du côté de l'entrée de l'air. L'interrupteur, sur courant à 460 volts, était au con-

traire placé dans le retour d'air du montage, à 5 mètres en contre-haut de l'entrée de la taille n° 1, donc dans la région même où pouvait exister l'accumulation de grisou, avant dilution par le courant d'air frais venu directement de la taille. Or, cet interrupteur à huile présentait, sur l'une des parois de sa boîte de fonte, un trou de 19 millimètres de diamètre, commode pour remettre de l'huile, mais qui aurait dû être bouché et ne l'était pas ; toute la sécurité dépendait donc du maintien du niveau de l'huile à hauteur convenable ; or, l'enquête a établi que les ouvriers qui maniaient l'interrupteur ignoraient que ce niveau avait de l'importance ; d'autre part, lorsqu'ils transportaient l'interrupteur pour lui faire suivre le progrès de la taille, il arrivait que de l'huile s'écoulait par le trou non bouché ; enfin ils ne se préoccupaient pas de mettre l'appareil de niveau. La vérification de la position de l'appareil et de sa hauteur d'huile dans les conditions où il se trouvait au moment de l'accident eût été fort intéressante ; malheureusement il arriva, au cours des explorations, que des sauveteurs déplacèrent l'interrupteur pour le présenter aux enquêteurs et laissèrent couler toute l'huile résiduelle. On ne peut donc avoir, sur ce sujet important, que des témoignages indirects. Or on en a recueilli trois, particulièrement intéressants : trois ouvriers, en des circonstances distinctes, ont vu l'interrupteur donner des étincelles ; ces témoignages ont paru surprendre les enquêteurs, car le lieu de production normale des étincelles était à l'intérieur d'une boîte presque entièrement close; les précisions données par l'un des ouvriers, qui déclare avoir vu les étincelles tomber de la boîte, ont même pu faire considérer son témoignage comme suspect ; mais il s'explique aisément, si l'on admet qu'il put y avoir projection, par le trou, de gouttelettes d'huile ou poussières incandescentes, l'arc se