Annales des Mines (1911, série 10, volume 20) [Image 213]

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LES CATASTROPHES DU PUITS WEST STANLEY

foudroyages avaient formée en arrière du front de taille ; une lampe était fixée tout près de la cloche ; des pierres tombèrent du sommet de la cloche et brisèrent la lampe ; il en résulta aussitôt une explosion ; les trois hommes, grièvement brûlés, ne survécurent pas à leurs blessures; mais ils purent faire le récit de l'accident dont ils avaient été les témoins et les victimes. Il y avait évidemment dans la cloche une accumulation de grisou que la chute de pierres déplaça vers la lampe, avariée au même moment. On ne saurait nier la possibilité que des circonstances de ce genre se soient rencontrées dans la taille n° 2 ; mais il nous semble que les renseignements que l'on possède sur la nature et les conditions du travail qui s'y poursuivait sont un peu vagues pour permettre de conclure avec assurance que l'explosion du puits Prétoria est attribuable à un tel concours de circonstances. Au contraire, de nombreuses raisons, tirées des constatations des effets, ou des conditions du travail avant l'explosion, concordent, à notre avis, pour situer le point initial au voisinage de la taille 1 de North Plodder. Disons d'abord un mot des effets dynamiques constatés depuis l'embranchement du roulage Est jusqu'au sommet du roulage principal. Ces effets sont représentés sur la planche XII d'après les notes prises au cours de nos visites et des renseignements complémentaires émanant des premières explorations. On observe que jusqu'à 100 mètres de la taille, tous les effets dynamiques sont dirigés vers cette taille ; au delà, et jusqu'au roulage Est, à 250 mètres de distance, la direction vers les puits devient prédominante ; elle est presque exclusive pour les effets constatés depuis le roulage Est jusqu'au puits, et non reproduits sur le croquis. On a constaté, d'autre part, que l'explosion ne s'est pas étendue à la voie d'entrée d'air, de l'autre côté de la taille 1 ; cinq hommes de cette taille ont cherché à s'en-

ET DU PUITS PRETORIA

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fuir par cette voie et y sont tombés à 2, 10 et 20 mètres de la taille, les premiers, brûlés, le dernier, seulement asphyxié sans aucune trace de brûlure. Dès lors, si l'on admet que l'explosion a pris naissance vers le sommet du roulage principal et vers la taille 1, elle s'est développée dissymétriquement, la combustion cessant du côté de l'entrée d'air, devenant au contraire de plus en plus vive avec des effets de violence de plus en plus marqués à mesure qu'elle progressait dans le roulage principal. Il résulte de l'étude du mécanisme des explosions, qu'on pareil cas, il doit y avoir d'importantes poussées de gaz chauds issues de la zone où la combustion vive élève progressivement la pression, et se dirigeant vers les régions de détente, régions de basses pressions, où l'explosion ne s'est pas développée. Cet effet inverse doit être prédominant tant que la combustion ne s'est pas suffisamment éloignée de la région de détente pour en devenir indépendante. Quand la flamme s'est suffisamment éloignée ou que les ondes comprimées transmises en arrière ont à peu près égalisé les pressions, la propagation se continue comme dans le cas du développement symétrique en galerie indéfinie, c'est-à-dire généralement avec prédominance des effets directs. Donc, si l'on admet que le point initial est au voisinage de la taille 1, il y a concordance entre les effets constatés et la théorie des explosions. Or il ne manque pas de raisons pour expliquer comment une explosion aurait pu prendre naissance en ce point. Au point de vue du dégagement de grisou, le chantier de traçage, en montage, au sommet d'un quartier aéré en cloche, était- à coup sûr l'un des points les plus délicats de l'exploitation ; il était, en principe, aéré par une dérivation du courant circulant le long de la taille n° 1,