Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 42]

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La nomination de M. de Gayffier fut rendue nécessaire par suite de l'impossibilité où s'était trouvé M. Dubochet de veiller utilement à tous les détails de l'administration. MM. Péreire avaient, suivantleur habitude, posé les bases de la comptabilité de la Compagnie Parisienne, avec la sûreté et la précision de coup d'oeil qui leur avaient permis de fixer du premier coup les règles de la comptabilité des chemins de fer. Mais ils n'avaient pas le temps de s'occuper des détails de l'exécution. Or on reconnut qu'une somme de 300.000 francs avait été portée deux fois au débit du compte de profits et pertes de l'exercice 1856, et comme cette erreur n'avait pu se commettre que faute d'une application exacte de la part de la direction, on résolut de confier dès lors le « ménage » de la Compagnie à un agent spécial, qui en ferait sa fonction exclusive. (Œuvres de MM. Emile et Isaac Péreire, Histoire de la Compagnie parisienne du Gaz, pp. 684 et 687.)

Le nom de M. de Gayffier avait étéindiquéà M. Péreire par le directeur de leur bureau d'études, M. Louis Le Chatelier, lui-même ancien ingénieur de Compagnies de chemins de fer. MM. Regnault, de Gayffier, Camus et Le Chatelier sortaient tous quatre de l'Ecole Polytechnique, les uns ingénieurs au corpsdes Mines, les autres au corps des Ponts et Chaussées et étaient liés par des relations d'amitié ou d'affaires.

ANNEXE VIII. ROLE PROBABLE DE REGNADLT DANS LA CRÉATION DE LA COMPAGNIE PARISIENNE.

Tous les documents connus montrent d'une façon bien nette que la création de la Compagnie Parisienne est résultée de l'intervention simultanée de Regnault, de l'Empereur et des- Péreire, mais il est moins facile d'éta-

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blir d'une façon certaine comment ces différentes personnalités ont été mises en rapport. Il y a là un fait d'histoire industrielle assez intéressant à élucider. La question de l'éclairage delà ville de Paris ne regardait régulièrement que deux groupes : l'administration municipale de la ville de Paris, d'une part, et d'autre part, les compagnies gazières, or, en fait, la question a été complètement réglée en dehors des intéressés auxquels on a simplement demandé leur approbation pour la forme, quand tout était déjà arrêté. Voici les données que j'ai pu réunir à ce sujet : Relation des Péreire et des compagnies gazières. — D'après des documents authentiques, les anciennes compagnies gazières avaient, en mai 1 854, sollicité des Péreire un emprunt de 10 millions pour régler avec la ville de Paris certaines dettes. Dans les milieux gaziers, une tradition s'esttransmise, prétendant que l'on avait dû demander aux Péreire leur intervention pour régler un pot-de-vin de plusieurs millions demandé dans l'entourage de l'Empereur et que c'est pour ce motif qu'ils avaient seuls figuré dans les négociations finales avant la signature de la nouvelle concession. Cette explication n'est pas défendable, car, dans ce cas, les Péreire n'auraient pas proposé à l'Empereur de livrer le gaz à 30 centimes au moment même où les compagnies existantes se déclaraient incapables de le livrer à moins de 40 centimes. Dans la collection des œuvres des Péreire on trouve, au contraire, des allusions qui conduisent à une interprétation bien plus vraisemblable de cette substitution. Les propriétaires des compagnies gazières existant en 1855 étaient de petits commerçants, sans vues à longue portée, ne pensant pas que dans un siècle l'industrie pût différer de ce qu'elle était alors. Les Péreire, au contraire, dont toute la fortune a été édifiée sur une prévi-