Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 23]

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EXPÉRIENCES SUR LES DÉPÔTS DE POUSSIÈRES

ment disposés. Le nombre d'appareils nécessaire serait assez élevé. Si on compte un débit moyen de 2 litres par minute, par appareil (*), l'efficacité très faible du procédé ne serait pas en rapport avec la gène qu'introduirait la présence du volume d'eau nécessaire. Il nous semble donc que l'emploi de l'arrosage ne permet pas d'éviter la formation des dépôts charbonneux dans les retours. Son rôle doit se limiter dans la neutralisation de ces dépôts ; son efficacité dépend donc de la permanence de l'humidification et, par suite, des conditions atmosphériques. De nombreuses expériences hygrométriques (**) ont montré que, dans nos retours, l'air n'est pas saturé (***). Le degré hygrométrique varie de 0,80 à 0,90 et chaque mètre cube d'air peut absorber de 1 gramme à 3 grammes d'humidité. Dans ces conditions, la teneur en eau de. la couche superficielle d'un dépôt de poussières à 50 p. 100 d'humidité tombe à 40 p. 100 au bout de deux à quatre heures et à 20 p. 100 en huit ou dix heures (****) . L'arrosage doit donc être fréquemment renouvelé. Les moyens préconisés pour ralentir l'évaporation sont de deux sortes : humidification du courant d'air en amont du point considéré et emploi de sels déliquescents. Le premier procédé n'est pas sans inconvénients : mauvaise conservation des bois, mauvaise hygiène des chantiers. Il n'a aucune influence sur la production de poussières au chantier; les accumulations se forment en effet aussi rapidement dans un courant d'air saturé et dans un courant d'air sec, si les terrains ne sont pas '(*) Pulvérisateurs formés d'un simple trou et donnant une pulvérisation assez complète sous 4 à 5 kilogrammes de pression. {**) Ces expériences ont été faites à l'aide d'un psychromètre. (***) Exception doit être faite pour les retours de quartiers remblayés hydrauliquement. (****) Il est à noter que la rapidité de la dessiccation varie quelque peu avec l'épaisseur de la couche humectée.

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maintenus dans un état constant d'humidité. On peut l'appliquer de deux manières. a. On se rapproche assez facilement de la saturation à l'aide d'un groupe de pulvérisateurs en nombre suffisant. L'inconvénient d'une telle méthode, c'est que la saturation ne subsiste plus dès que la température s'élève, c'est-àdire après un parcours relativement faible du courant d'air. b. On peut humidifier, à un taux quelconque, les bowettes d'entrée d'air, de façon à restreindre encore le risque d'inflammation de leurs dépôts, déjà très faible par suite de leur teneur élevée en cendres. Tant que cette humidification subsiste, l'évaporation est retardée dans les zones où il est nécessaire de maintenir un arrosage abondant. Quelques expériences renseignent immédiatement sur la valeur de ce procédé. Un courant d'air de 2 mètres cubes animé d'une vitesse de 0 m ,50, à la température de 20°, 8 et contenant 15gr ,5 de vapeur d'eau par mètre cube, ne s'enrichit que de 08T ,7 par mètre cube dans le parcours d'une zone humide de 200 mètres de longueur. A cette température, la saturation n'est atteinte qu'après une zone de 1.000 mètres environ. Une telle méthode présente, du reste, un inconvénient. Lorsqu'on arrose le sol des galeries de transport, les poussières schisteuses du sol ne sont plus soulevées par la circulation et, par suite, les éléments de grande finesse qui se déposent sur les parois proviennent uniquement des apports, en général très charbonneux, du courant d'air. Les dépôts difficilement accessibles des parois, qui peuvent toujours jouer un rôle dans une explosion et qu'on ne peut songer à abattre par l'arrosage, sont donc formés de poussières très inflammables, tandis que, en dehors de toute pratique d'arrosage du sol, la teneur en cendres de ces poussières est, en moyenne, supérieure à 40 p. 100 et peut être augmentée par une schistification plus complète des dépôts du sol (voir expériences de schistification).