Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 130]

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COMMISSION DES RECHERCHES

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GRISOU CONDITIONS

nuages inflammables. On sait, en effet, que, dans les expériences de Liévin, on a pu communiquer le feu à un nuage préalablement soulevé qui ne contenait , qu'une cinquantaine de grammes par mètre cube d'air, ou provoquer des explosions avec des poussières simplement déposées sur le sol à la dose d'environ 112 grammes par mètre cube. Il apparaît donc que, dans les points les plus poussiéreux de nos mines, il y a, au point de vue de la quantité, beaucoup plus de poussières qu'il n'est nécessaire pour propager une explosion. Indépendamment de ces maxima, qui correspondent certainement à des cas exceptionnels, la généralité des prélèvements manifeste-t-elle que les dépôts soient abondants, comparativement aux quantités que l'expérience révèle dangereuses ? Pour permettre de mieux juger de ce point important, nous avons dressé un tableau (page 261) où nous avons porté, pour chaque compagnie, le nombre de prélèvements qui furent inférieurs ou supérieurs aux limites suivantes : 1° 112 grammes par mètre cube, qui est la dose théorique optimum pour le carbone pur infiniment fin, et correspond à peu près au minimum qui assure expérimentalement la propagation, quand les poussières supposées inflammables sont simplement déposées sur le sol et les parois ; 2° 450 grammes, dose qui a paru donner, dans les expériences de Liévin, les explosions les plus facilesavecdespoussièrestrèsinflammables ; 3° 900 grammes, dose à partir de laquelle certains essais de Liévin semblent indiquer qu'il y a peut-être diminution de violence de l'explosion et tendance aux ratés de propagation, spécialement avec les poussières qui ne sont pas très inflammables. Le tableau donne, en outre, pour chaque compagnie, la valeur moyenne des poids de poussières prélevés. Un coup d'œil sur ce tableau montre que, pour la première prise surtout, mais encore pour la seconde prise, les cas où la quantité de poussières prélevée est

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supérieure au minimum expérimenta], sont relativement fréquents, et que les cas où les poussières ont été trouvées très abondantes ne sont pas rares. Renouvellement des dépôts. — Dès lors se pose la question de savoir si l'on pourra pratiquement ramener ces quantités au-dessous du minimum théorique. Pour cela, il faudrait connaître avec quelle rapidité se reforment les dépôts. Les résultats de la deuxième prise devraient en principe nous renseigner sur ce point. Malheureusement, il subsiste à ce sujet certaines incertitudes que les éléments du dossier ne permettent pas de lever complètement. Ce n'est pas, en effet, sans une certaine surprise que l'on constate parfois que le second prélèvement est au moins égal ou supérieur au premier ; ainsi, à Nœux, dans une voie de roulage, on trouve un poids total par mètrë cube de 8 KB ,666 la seconde fois comme la première ; à Blanzy, dans un roulage, le poids total passe de 22 LK ,875 à 31 TE ,330, et le poids du poussier de 2 TE ,097 à 2 TG ,747, et l'on pourrait citer d'autres exemples. Ces faits ne seraient point surprenants dans des houillères comme Courrières ou Liévin, où, avant la première prise d'essai, l'on pratiquait couramment l'arrosage ou le chaulage ou l'enlèvement des poussières; mais nous avons éliminé ces cas particuliers dans le choix des exemples ci-dessus. Il est dès lors fort surprenant de constater qu'au bout de un à trois mois les poussières se soient de nouveau déposées aussi abondantes qu'après une période de dépôt atteignant souvent plusieurs années. Frappés de cette anomalie, certains ingénieurs ont émis l'hypothèse que le régime poussiéreux des galeries tendait vers un état d'équilibre : sur le sol, une fois qu'une certaine épaisseur est atteinte, les poussières des couches inférieures tendent à s'agglomérer jusqu'à faire corps avec le terrain encaissant; ainsi s'élimine progressivement une partie du dépôt,