Annales des Mines (1910, série 10, volume 17) [Image 251]

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LES GISEMENTS AURIFERES

renseigner, à la hâte, avant de quitter Diégo-Suarez. J'ai sous les yeux une note inédite, écrite par un Européen qui accompagnait M. Mortages, et j'en extrais, sans y rien changer, le passage qui relate leur arrivée sur les placers : « Après quelques jours de route, ils (Mortages et l'Européen) arrivent à Ambilobé où il y avait un poste militaire; après un jour de repos et une journée de marche, nous arrivons à Ambakirano où ils trouvent M. Bourdessoulle, marchand de vin, qui dit àMortages : « Oui Caplong « et Scié sont à Ankatoka et ils travaillent l'or ». Le soir de cet entretien, nous arrivons vers six heures à Ankatoka; ils aperçoivent les deux susnommés qui se pro-, mènent dans le village ; après avoir demandé une case, le chef leur donna la plus mauvaise où ils passèrent la nuit tant bien que mal. « Le lendemain, Mortages, son employé et 4 orpailleurs se mettent en route pour aller à la découverte ; au moment où ils allaient quitter le village, le sieur Caplong se mettant au devant de la filanzana dit : « Non, tu ne « passeras pas; les terrains sont à moi, à Scié et à mon « frère ; nous te défendons de prospecter dans cet « endroit-là », et il donna une limite, « et si tu veux « passer, je te fous un coup de fusil » ; et Mortages, tremblant comme la feuille morte agitée par la brise du mois de décembre, recula et écrivit au lieutenant chef de poste d'Ambilobé les faits que je viens de décrire et alla au village de Betsiaka. Le lieutenant aussitôt se dérangea et ayant amené avec lui quelques miaramila (*) et se mettant à la recherche de Caplong et Scié, trouva les ouvriers à la solde de ceux-ci en train d'extraire de l'or, d'où il les mit en état d'arrestation et les conduisit à Ambakirano, d'où il attendit les susnommés qu'il avait envoyé cher(*) Miaramila, militaires.

DU NORD DE MADAGASCAR

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cher par des soldats indigènes avec une convocation de se rendre à ce village le lendemain. « Au moment où le lieutenant prenait en flagrant délit les ouvriers, Caplong et Scié avaient rejoint Mortages ; après quelques paroles vives, ils lui dirent : « Si tu avais « passé, je te tuais comme un lapin », et Scié s'étant interposé, la discussion finit par l'apéritif qu'ils prirent ensemble, et, après l'entretien avec le lieutenant, ils ne furent point poursuivis ; Mortages retira sa plainte. « Entre temps, Mortages et les orpailleurs allèrent prospecter dans un des ruisseaux près Bessakekelf) et après avoir retiré quelques angadys de terre, lavèrent à la bâtée et trouvèrent quelques couleurs et ayant remonté un peu plus haut le ruisseau, ils trouvèrent une poche dans laquelle il y avait des échantillons magnifiques de pierres aurifères, d'où il planta un piquet sur un mamelon voisin... » Bien que formulées antérieurement à celles de M. Mortages, les demandes de permis de recherches de M. Caplong ne furent pas prises en considération, l'enregistrement qui donne la priorité sur les terrains ayant été fait après celui des demandes Mortages; MM. Caplong et Scié, en effet, n'avaient pas eu la précaution d'adresser directement leur demande au détenteur du registre d'inscription. En sorte que, de toute la région aurifère dont ils étaient les véritables inventeurs et les premiers «coupants, MM. Caplong et Scié n'ont pu conserver, par suite d'une fausse manœuvre administrative, que le cercle ébréché de 1 kilomètre de rayon d'Ankatoka, »" 8141 (voir plan des périmètres, Pl. X). Le champ aurifère de l'Andavakoera (exploitations Mortages et Grignon) comprend sept postes, ou centres d'extraction, dirigés, chacun, par un chef européen. Ce (*) Betsiaka-Kely : kely, petit; petit Betsiaka.