Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 118]

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ROLE DE L'EAU. DANS LES PHENOMENES VOLCANIQUES

les silicates alcalins résultent les silicates doubles ou triples (feldspaths, leucites, pyroxènes, amphiboles, micas, etc.), dont sont construites les roches dites primitives. Telle a été, etest encore, àl'heure présente, l'origine de ces roches et celle de l'acide chlorhydrique si abondamment émis par les volcans. Mais, hors l'état d'activité éruptive, dans les couches terrestres plus externes où une température moins élevée permet à la vapeur d'eau de se liquéfier, celle-ci se charge par dissolution des matériaux ambiants, silicates et acide chlorhydrique dont nous venons de Ar oir l'origine. Ainsi se forment par voie aqueuse, et se produisent encore de nos jours, les chlorures qui sont allés saler autrefois les eaux des mers, tandis que la silice, libérée dans cette réaction, est allée former les puissantes assises de grès ou de silex, et concourir, à l'état de quartz, à la formation des granités. Le rôle de l'eau ne s'arrête pas là. J'ai montré qu'en agissant sur les sulfures métalliques sa vapeur donne au rouge, suivant les cas, soit des métaux à l'état naissant (Cu, Ag, Pb) : Cu2 S + 2H 2 0 — Gua + SO 2 + 2H 2 ,

soit des oxydes et do l'hydrogène sulfuré qui, à son tour, se dissocie à chaud, ou produit, en présence de l'acide sulfureux, de l'hydrogène et du soufre : SO 2 + 2H 2 S =38.-1- 2H 2 0.

Telle est l'origine du soufre natif, élément si essentiellement volcanique. Ce n'est pas tout: j'ai directement établi qu'oxydés par la vapeur d'eau, le soufre et l'hydrogène sulfuré donnent réciproquement, et sans aucune intervention d'oxygène libre, de l'acide sulfureux mélangé d'une quantité très notable d'acide sulfurique. Or on sait que tous ces corps, produits dans mes expériences entièrement à l'abri

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de l'air, s'accompagnent dans les produits volcaniques et les caractérisent (*). Enfin les azotures et carbures de fer, de titane, de silicium, etc., qu'on rencontre avec les chlorures métalliques dans les laves et dans les roches dont elles proviennent en se décomposant en présence de la vapeur d'eau, donnent naissance à l'azote, à l'ammoniaque, aux hydrocarbures signalés dans toutes les émanations volcaniques. Ainsi, partiellement dissociée par la chaleur, décomposée par les chlorures métalliques et métalloïdiques, par les sulfures qui se transforment en oxydes, par les azotures et carbures métalliques qui fixent ses deux éléments, s'unissant enfin aux principes constitutifs des roches les plus profondes en train de se former et de se concréter, l'eau de nouvelle formation disparait en partie dans les couches terrestres les plus profondes grâce à toutes ces transformations. Il ne faut donc pas s'étonner que sa vapeur puisse diminuer dans les fumerolles les plus chaudes résultant de toutes ces réactions au moment de leur phase paroxysmale. Mais, même dans ces cas, comme on l'a vu plus haut, on trouve encore dans ces fumerolles une très notable quantité de vapeur d'eau qui échappe et arrive jusqu'à l'atmosphère. IV. Je pense avoir établi par l'ensemble des considérations et des faits qui précèdent l'exactitude et l'observation faite par presque tous ceux qui se sont occupés du volcanisme, que l'eau est un produit constant des réactions internes du globe et de ses éruptions. Il me semble que j'ai ainsi répondu aux objections, très dignes d'un sérieux examen, du savant estimé qui a nié cette intervention. Le mérite même de mon honorable contradicteur, (*) Voir à ce sujet Bull. Soc. chim., 3« série, t. XXXIX, p. 929, 934, 937, «39 et 941. Tome XVI, 1909.

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