Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 29]

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NOTICE HISTORIQUE

le rendement à prévoir pour l'exploitation de l'ensemble des massifs reconnus. Les chiffres obtenus furent d'ailleurs contestés par les deux parties ; la situation devenait inextricable. Le véritable moyen de sortir de ces difficultés aurait été de désigner un tiers expert d'une capacité reconnue, Jars par exemple, comme le proposait le. contrôleur général des finances. Mais M. Viard de Jussé, bien qu'autorisé par un arrêt du Conseil, du 25 mai 1762, à procéder à cette nomination, s'y refusa obstinément: la conclusion de son rapport fut qu'il y avait lieu de faire exploiter par M me Danycan les massifs reconnus et d'affecter les produits de l'exploitation au remboursement des avances de Duverney. Ces conclusions, empreintes «l'une certaine partialité en faveur de M mo Danycan, ne pouvaient satisfaire Duverney, qui les combattit énergiquement devant le Conseil. Il obtint de celui-ci, le 10 mai 1763, un arrêt condamnant le sieur et la dame Danycan à lui rembourser, solidairement avec les autres associés, une somme de 482.682 livres, plus 30.286 livres à titre d'intérêts échus, et lui attribuant pour ce remboursement un privilège sur tous autres créanciers. Un autre arrêt, du 27 septembre 1763, ordonna la mise' en adjudication du privilège de l'entreprise des mines de Bretagne, ainsi que des propriétés, machines, etc., de la société. M. Berthierde Sauvigny, intendant de la généralité de Paris, fut chargé de procéder à l'adjudication. M mo Danycan etsonfils se pourvurent contre ces arrêts, mais ils furent déboutés de leur prétention par arrêts des 10 avril et 29 mai 1764. La vente eut lieu le 6 juillet 1765, moyennant 195.000 livres, au profit des sieurs de la Marnière de Guer, Le Roy, Favre, Prévost, Bonfils, de Beauvoir, Moy-Dubreuil, Guillot de Lorme, Gourdain, Le Camus èt Gaussey, cons•tituant ensemble la société qui exploitait h cette époque les mines de Poullaouen et de Huelgoat. La deuxième période d'exploitation de Pontpéan se trou-

SUR L'EXPLOITATION DES MINES DE PONTPÉAN

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vait close ; elle avait duré vingt années ; mais, sur ce total, elle ne comptait que quatre à cinq années d'activité réelle. A partir du moment où la division s'était mise entre les associés, la production s'était beaucoup ralentie; elle se réduisit à zéro après l'expertise de 1762. Pendant les années 1756 et 1757, le produit brut avait été en moy enne de 600.000 livres par an, d'après Duverney lui-même (lettre du 22 juin 1757) ; il dut être bien moindre au cours des deux années suivantes, car Danycan évaluait à 1.700.000 livres seulement le produit brut de toute la période d'exploitation. Nous avons vu que la perte avait été de34.05i livres pendant le second semestre de 1759; elle fut de 103.932 pendant la durée de l'expertise, qui entraînait des frais presque aussi élevés qu'une exploitation normale. Duverney avait perdu 600.000 livres environ dans l'affaire ; il mourut avant que les procès auxquels elle avait donné lieu fussent terminés complètement. Ce fut seulement en 1785 que ses héritiers touchèrent le dernier reliquat du prix d'adjudication. M mC Danycan, bien que dépossédée par l'adjudication du 6 juillet 1765 du privilège de l'entreprise des mines de Bretagne, ne renonça pas à explorer le sous-sol de cette province. Elle commença immédiatement des recherches dans les environs de Châtelaudren et y créa une exploitation, qui acquit bientôt une certaine importance et qui se continua jusqu'en 1790. Troisième période de l'exploitation (1765-1796). — La société qui allait reprendre l'exploitation des mines de Pontpéan avait un double avantage sur celle à laquelle elle succédait; elle disposait des ressources pécuniaires suffisantes et avait l'expérience de l'industrie minière. Sa constitution ne présentait qu'nn seul point faible, qui, d'ailleurs, ne l'avait pas empêchée de réussir à Poullaouen et à