Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 28]

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NOTICE HISTORIQUE

l'excédent des dépenses de la société, depuis le contrat en question, avait été de 258.487 livres, que cette somme devait lui être remboursée proportionnellement par les dix-sept parts payantes et qu'il devrait en être de même à l'avenir pour les dépenses courantes d'exploitation, évaluées à 180.000 livres par an. Les deux seuls associés prenant part à l'assemblée avec Duverney approuvèrent par leur vote les propositions ci-dessus. Elles étaient trop contraires aux intérêts de M mt Danycan et de son fils pour qu'ils les acceptassent sans résistance ; Nugues se joignit à eux pour en demander l'annulation, sous prétexte que tout versement était inutile, les disponibilités de la société suffisant largement à faire face aux charges incombant à celle-ci. Pour justifier leur thèse, ils faisaient entrer dans le compte des disponibilités non seulement les minerais extraits et non encore traités, mais aussi des créances plus ou moins douteuses et même la valeur des propriétés immobilières de la société ; ils arrivaient ainsi à un total de 677.556 livres ; cet actif, comprenant un certain nombre d'éléments impossibles à réaliser, était encore inférieur au passif exigible, qui s'élevait à 800.000 livres environ. En réalité, Duverney, créancier de la presque totalité de cette somme, était en droit de provoquer la dissolution de la société et sa liquidation ; il s'adressa à cet effet au Conseil du Roi. Devant cette juridiction, M me Danycan soutint que l'exploitation de la mine pouvait donner des bénéfices et qu'elle devait par suite être continuée. Le Conseil décida, le 23 juin 1761, qu'une expertise était nécessaire pour se rendre compte si la mine était en état de fournir « du minerai susceptible d'une exploitation utile »; chacune des parties devait nommer un expert, mais rien n'était prévu en ce qui concernait la nomination éventuelle d'un tiers expert. Les faits devaient montrer bientôt les inconvénients de cette omis!

SUR L EXPLOITATION DES MINES DE PONTPÉAN

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sion, commise malheureusement plus d'une fois dans des circonstances analogues. Duverney désigna comme expert Duhamel, ingénieur des mines; M me Danycan, son fils et Nugues, constituant ensemble la partie adverse, choisirent un contre-maître du nom de Jamin, qui avait été occupé surtout à la fonderie et avait peu de connaissances minières, mais qui était tout dévoué à leurs intérêts. L'expertise commença le 24 octobre 1761, sous la direction de M. Viard de Jussé, subdélégué à l'intendance de Bretagne, en présence de M me Danycan et de son fils, d'une part, de Pâris de Meyzieu, d'autre part; elle ne se termina que le 15 juillet 1762. Le procès-verbal, déposé aux archives de Rennes, forme un registre in-folio, qui n'a pas moins de 1.220 pages. La lenteur de cette interminable procédure avait pour origine les incidents que les deux parties soulevaient à toute occasion, au grand embarras du commissaire enquêteur. Celui-ci, absolument étranger aux questions techniques, ne savait comment trancher les difficultés qui se soulevaient à chaque instant. Duhamel commença par lever, non sans opposition de la part de M me Danycan, un plan de travaux que Duverney fit imprimer à la suite d'un mémoire rédigé pour la défense des intérêts et que l'on trouvera reproduit ici (Pl. II) à une échelle réduite. Il fit ensuite, avec le sieur Jamin, une description de l'apparence du filon dans les divers points de la mine, non sans se trouver en discordance avec son collègue sur une foule de détails. Le commissaire enquêteur ordonna alors, sur la demande de Pâris de Meyzieu, qu'on ferait une exploitation d'épreuve ayant pour objet de prélever une toise cube des minerais de chaque catégorie signalée par les experts. Mais, comme il n'avait pas de notions précises sur le mode d'établissement d'une moyenne, il fit traiter ensemble toutes ces diverses prises d'essai, de sorte que le résultat ne donna aucune indication sur