Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 14]

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NOTICE HISTORIQUE

métallifères et que l'on attribue souvent, d'une manière trop exclusive, à l'effondrement de grands vides souterrains. Ce fut sans doute à l'occasion de la visite de Blumenstein que fut exécutée, le 13 février 1731, à la Monnaie de Rennes, un essai au creuset sur le minerai de Pontpéan. Cet essai, fait sur 2 onces de matière, avec addition de tartre et de nitre, donna un rendement de 9 gros de plomb, c'est-à-dire de 56 p. 100. Blumenstein revint visiter les travaux le 21 novembre 1731 ; il constata qu'à cette date l'excavation avait atteint une profondeur de 75 pieds (24 m ,35) et que ses deux dimensions horizontales s'étaient augmentées d'un tiers environ, la plus grande étant orientée Nord-Sud magnétique, comme le filon. Les parois de l'excavation étaient taillées en gradins, mais cette précaution n'évitait pas de fréquents éboulements. Les inconvénients de l'exploitation à ciel ouvert s'accentuaient rapidement; cinq à six mois plus tard, on dut renoncer définitivement à cette méthode, du moins dans la région du puits de Bicêtre. D'autres travaux à ciel ouvert ont été exécutés sur les affleurements du filon de Pontpéan, notamment dans la région dite de la Nouvelle Mine, au Nord du puits de Bicêtre; mais, comme nous l'établirons plus tard, la date réelle des travaux exécutés dans cette région est probablement plus récente. Pour desservir l'excavation primitive, on avait installé sur un de ses côtés un vaste pan de bois de 50 pieds (16 mètres) de haut, analogue à ceux que l'on peut voir encore dans les ardoisières à ciel ouvert. Sur ce pan de bois étaient montés, pour l'extraction, un treuil mu probablement à bras, et, pour l'épuisement, un chapelet de 80 seaux, qui élevait en moyenne 2.000 pipes d'eau par vingt-quatre heures. D'après une note de M. de SaintAubin, conseiller au Présidial de Rennes, l'ensemble de celte installation avait coûté de 7.000 à 8.000 livres, et

SUR L'EXPLOITATION DES MINES DE PONTPÉAN

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les machines donnaient lieu à une dépense de 12 livres par jour. Pour concentrer les minerais extraits, on avait installé une batterie de bocards, mue à bras d'hommes, et ayant une levée de 6 pouces (0 m ,16), avec une laverie et une fonderie. Celle-ci comprenait un réverbère, deux fourneaux à l'allemande (fours à manche), et une rôtisserie à l'allemande. Les fourneaux à l'allemande recevaient le vent de deux soufflets de cuir, actionnés par quatre hommes que l'on relevait de deux en deux heures. D'après la note de M. de Saint-Aubin, déjà citée plus haut, on ouvrit, au fond de l'excavation, au commencement de 1722, cinq puits dont la section était de 14 pieds (4 m ,55) sur 8 (2 m ,60) ; leur boisage était formé de cadres de 4 pouces (0 m ,ll) d'équarrissage, espacés de 2 pieds (0 m ,65) l'un de l'autre. Le plus profond de ces deux puits avait atteint 130 pieds (42 mètres) en octobre 1733; deux d'entre eux étaient munis de deux pompes aspirantes et foulantes ; les trois autres en avaient reçu une seule chacun. Ces pompes étaient mues par vingt-huit hommes se relevant de quatre heures en quatre heures ; elles élevaient 2.400 muids (658 mètres cubes) d'eau en vingtquatre heures, soit 456 litres par minute. Le nombre total des ouvriers était de 300, dont 80 seulement étaient occupés dans les travaux souterrains. La production de plomb fut de 191.654 livres depuis l'origine de l'exploitation jusqu'au mois de mai 1732. Les moyens d'épuisement mentionnés ci-dessus étaient singulièrement imparfaits; d'autre part, l'affluence des eaux, par le fait du développement même de l'excavation ouverte sur l'affleurement, tendait à augmenter constamment; c'était la difficulté principale de l'exploitation, dont l'approfondissement devenait fort pénible. De 1733 à 1740, il semble que le développement des travaux ait été très lent et la production singulièrement