Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 10]

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NOTICE HISTORIQUE

hypothèse, on est obligé d'admettre en même temps que ces travaux ne remontaient pas à une date bien reculée et qu'ils n'avaient eu qu'un développement insignifiant. L'absence de travaux de l'époque romaine est certaine, car, si l'on avait trouvé des lampes en terre cuite ou des monnaies antiques au cours de l'exploitation entreprise au xvm e siècle, les auteurs de l'époque n'auraient pas manqué de mentionner cette découverte. Il faut reconnaître, du reste, qu'à l'opposé de ce que l'on constate dans le Centre et le Midi de la France, on ne retrouve dans la péninsule armoricaine aucune trace d'exploitations minières entreprises à l'époque romaine ou à une période antérieure. Les Gaulois, qui recherchaient l'or avec activité, semblent s'être peu préoccupés du plomb et de l'argent. Les Romains, qui s'intéressaient davantage à l'exploitation de ces deux derniers métaux, n'ont exploré que fort sommairement la Bretagne et les régions avoisinantes. Leur domination sur toute cette partie de la Gaule semble avoir toujours été mal assise et ne s'être étendue qu'au voisinage immédiat de certains points d'occupation. Rennes était bien un de ces points ; néanmoins sa proximité n'a pas provoqué la découverte du filon de Pontpéan à l'époque romaine. Il faut reconnaître que les conditions dans lesquelles le gîte se présentait à l'affleurement n'étaient pas de nature à faciliter sa découverte. La région peu étendue où le minerai arrive jusqu'au jour est recouverte d'alluviôns épaisses, occupées elles-mêmes par la culture. On est même amené à se demander comment un affleurement a pu être découvert dans des conditions pareilles. D'après une tradition fort incertaine, ce serait un affouillement des berges de la Seiche, au cours d'une crue de cette rivière, qui aurait mis à jour des fragments de galène; ou bien ce serait la chute d'un arbre enraciné sur une de ces berges qui aurait abouti au même résultat.

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SUR L'EXPLOITATION DES MINES DE PONTPÉAN

D'après un rapport de Duhamel, écrit en 1819, la découverte du minerai aurait été faite en 1728 par des potiers, au fond d'une carrière d'argile ; mais ce récit est inadmissible, en ce qui concerne la date, du moins, puisque le gite était connu depuis un siècle au moins. Son invraisemblance est confirmée par une note rédigée en 1733 par M. de Saint-Aubin, conseiller au Présidial de Rennes, note d'après laquelle quelques personnes envoyées par la Cour auraient exécuté en 1697 des travaux de recherches sur l'affleurement du filon. Cette note est peu précise, mais elle établit que la tradition de l'existence d'un gîte de minerai, tradition antérieure à la publication de la baronne de Beausoleil, ne s'était pas perdue complètement au cours du xvn e siècle. Il est possible que la découverte primitive remonte à la fin du xv e ou au commencement du xvi e siècle, époque à laquelle les recherches de mines semblent avoir été assez actives en Bretagne, notamment dans la région d'Huelgoat et de Poullaouen, et où, malgré le peu de netteté des affleurements, elles avaient abouti, dans cette région, à des découvertes importantes donnant lieu à des travaux d'exploitation. Mais les difficultés étaient beaucoup plus grandes à Pontpéan, non seulement en ce qui concerne la découverte des affleurements, mais aussi au point de vue de la possibilité de suivre le gîte en profondeur. A Huelgoat, notamment, le relief du sol permettait l'ouverture de galeries d'écoulement ; à Pontpéan, le filon affleurait dans une plaine, au niveau des eaux de la Seiche ; son exploitation nécessitait donc, dès l'origine, l'organisation de moyens d'épuisement sérieux. C'était là une difficulté d'autant plus grave que le faible relief du sol aux environs ne permettait guère la création d'une puissance motrice hydraulique. Une dernière influence a dû contribuer à gêner le Tome XIV, 1908.