Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 277]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

548

NOTE SUR LA QUESTION DES POUSSIÈRES

d'air, à une distance de plus de 1.000 mètres ; l'on cite une galerie, réservée au personnel, où ne passait jamais de charbon et dans laquelle, à 100 jards (90 mètres) du puits, se trouvait une couche de 5 à 6 centimètres de poussière très fine. Il serait bon, dans toute installation nouvelle, d'éloigner le criblage du puits d'entrée d'air; mais on estime qu'il ne convient pas d'en faire une obligation : la chose n'est pas toujours possible, en raison du terrain dont on dispose ou de la situation de la mine. Quant aux criblages existant actuellement, on ne peut chercher qu'à arrêter leur poussière, car il serait coûteux et parfois impossible de changer leur emplacement. On peut placer les grilles et les culbuteurs dans des enveloppes, d'où un ventilateur aspire la poussière et l'envoie à une chambre de dépôt (Pl. XI, fig. 7 et 8). Cette poussière est vendue aux fonderies pour la fabrication des moules. A Browney Colliery, les pulvérisateurs dont nous avons déjà parlé ont été employés avec beaucoup de succès près des culbuteurs et des grilles. Les pompes sont actionnées par une courroie sur l'un des arbres de l'atelier. Enfin, on pourrait fermer le puits d'entrée d'air comme le puits de retour d'air et le munir d'une galerie d'aspiration de 50 ou 60 mètres de longueur, débouchant loin de tout criblage. Cette disposition présente toutefois l'inconvénient de gêner et de ralentir les manoeuvres. C. PRÉCAUTIONS DIVERSES RELATIVES AU TIRAGE DES 'COUPS DE MINE. — L'origine de la plupart des explosions de poussières est le tirage d'un coup de mine ; en faisant cette opération entre les postes, quand il n'y a au fond que les boutefeux et les ouvriers indispensables aux services généraux, très peu de personnel est exposé à être atteint, en cas de catastrophe. Actuellement, cette organisation du travail n'est imposée que dans les cas mentionnés dans la première partie

DANS LES MINES. ANGLAISES

549

de cette note; elle est adoptée dans un très petit nombre de mines sur les conseils de l'inspecteur; beaucoup d'ingénieurs estiment qu'on ne saurait en faire une obligation absolue. Dans les couches dures, où tout le charbon est abattu par explosif, on peut diviser le travail : le mineur prépare durant son poste les trous de mine destinés au sautage de la nuit et déblaie le charbon abattu la veille par les explosifs ; mais, dans les couches moyennement dures, où l'abatage se fait normalement au pic, la difficulté serait plus grande, car, à tout moment, le mineur peut être arrêté par une veine plus résistante et avoir besoin d'un coup de mine. Dans les houillères, où l'on travaille à deux postes (six heures à deux heures et deux heures à dix heures), on pourrait faire le tirage de dix heures à six heures ; mais il faudrait tolérer la présence, dans la mine, du poste de rouleurs pendant l'opération. On estime donc généralement qu'on ne peut réglementer la question sans faire de distinction entre les mines ; ainsi, par exemple, on pourrait en exempter les exploitations où l'arrosage général est pratiqué. On reconnaît aussi, sauf dans quelques mines, où l'entretien des galeries est difficile, que le tirage au rocher pourrait être interdit durant les postes : l'expérience apprend que la poussière est plus dangereuse dans les voies qu'au chantier et plusieurs catastrophes ont eu pour origine des coups de mine au rocher. Quant à l'arrosage autour d'un coup de mine avant d'y mettre le feu, nous avons vu, au début de cette étude, dans quelles conditions il est actuellement prescrit. Cette mesure apparaît à tous comme une précaution indispensable. Certains inspecteurs voudraient la voir imposée aux chantiers, malgré les difficultés d'application, et trouvent insuffisant le rayon de 18 mètres; les enquêtes faites à la suite d'accidents ont cependant montré que la règle actuelle même est parfois observée incomplètement.