Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 218]

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LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES

L'explosion s'est donc cantonnée dans les voies de roulage ou leurs environs immédiats. Notons à ce sujet la remarque faite par M. Atkinson que les dégâts matériels dans les fosses de Courrières étaient beaucoup moins considérables que ceux observés précédemment par lui dans les mines anglaises après des coups de poussières. Il attribue ce fait à ce que la poussière est beaucoup plus abondante et plus fine dans les voies de roulage anglaises, où la traction mécanique est très développée et où le charbon se déplace rapidement contre des courants d'air très forts, ce qui facilite la production et le dépôt de poussières fines. 4° Les veines les plus atteintes ont été Joséphine, Marie et Sainte-Barbe, veines larges de l ra ,70 à 2 m ,30. Dans les veines plus étroites, Cécile, Amé, Eugénie, Adélaïde, qui mesurent 1 mètre environ d'ouverture, l'explosion a pénétré à peine. On peut en chercher l'explication dans ce fait que le coupage du mur est peu pratiqué dans les veines larges et que, par suite, les poussières du sol doivent y contenir peu d'éléments pierreux, tandis que, dans les veines étroites où l'on coupe le mur, le charbon du sol est forcément très impur. Cette observation peut valoir pour les voies des tailles, mais non pour les voies de roulage, qui, même dans les veines larges, sont fréquemment rauchées. En fait, des prélèvements de poussières, effectués depuis la catastrophe dans les travaux remis en état des différentes fosses sinistrées, n'ont pas mis en évidence un rapport constant entre la teneur en cendres des poussières et l'ouverture de la veine. On a trouvé par endroits tout autant de cendres dans les poussières des veines larges que dans celles des veines minces. Il semble donc difficile de dire que c'est à cause d'une plus grande abondance d'éléments pierreux dans la poussière que l'explosion n'est pas entrée, en général, dans les petites veines.

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Peut-être la plus ou moins grande ouverture des galeries joue-t-elle un rôle, pour rendre plus ou moins facile, plus ou moins violent, le passage d'une inflammation de poussières. Il est à remarquer, à ce sujet, que, dans une même veine, les voies les plus endommagées ont été les voies larges. Les châssis étroits où l'explosion a pénétré ont généralement peu souffert. Par exemple, le châssis de Joséphine qui forme une des communications entre le n° 3 et le n° 4, la seule par où l'explosion soit passée, est resté à peu près intact, tandis que les voies de fond qu'il relie ont eu des dégâts beaucoup plus considérables. 5° En bien des points limites de l'explosion, on a pu faire la remarque que le sol et les parois de la galerie devaient plus ou moins brusquement cesser d'être poussiéreux. Nous pouvons citer comme exemples : A la fosse n° 2 : la bowette Nord 340, où l'explosion n'est pas arrivée jusqu'à l'accrochage, et s'est amortie dans une partie maçonnée de cette bowette très peu favorable à un dépôt abondant de poussières ; le treuil Cousin, oh l'explosion s'est arrêtée à 400 mètres du puits, dans une partie de voie en rauchage. A la fosse n" 3 : la bowette Sud 326, au Sud de Cécile, qui était constamment humide ainsi que les voies de fond des dressants situés plus loin au Sud : l'explosion n'a pas dépassé la voie de fond de Cécile dressant ; la voie de Joséphine reliant le haut du bure Ballon à la montée de Joséphine, où l'explosion s'est arrêtée très nettement sur une zone absolument pierreuse ; la bowette Nord 326 au Sud de Joséphine, qui présentait quelques dizaines de mètres tout particulièrement humides: l'explosion venue de la voie Lecœuvre, au Nord, ne semble pas avoir pu la traverser, car aucun effet dynamique dans ce sens ne se remarque au delà; la voie de fond de Cécile plateure 326 Sud-Ouest, où l'explosion s'est arrêtée à la limite même du roulage sans pouvoir passer