Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 195]

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LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES

La ilamme venant de la bowette Nord a donc traversé le puits en brûlant les hommes qui se trouvaient à l'accrochage et dans la bowette tournante, et a gagné la bowette Sud. Elle s'y est étendue jusqu'à 120 mètres du puits environ, en causant des éboulements assez considérables. Sa limite paraît se trouver exactement à la partie de bowette maçonnée sur 20 mètres de long où se trouvait l'entrée des écuries (Pl. V, n° 13). Au delà, on ne trouvait plus aucune trace d'explosion. La voie de fond d'Adélaïde s'ouvrait quelques mètres plus loin, puis celles d'Eugénie, d'Amé, de Marie ; on n'y relève aucun dégât ni aucun dépôt de coke ou de suie, non plus que dans la bowette. Le grand quartier de 383 au Sud a donc été presque entièrement indemne ; il n'y a pénétré que deux langues de feu, de 100 mètres de longueur en moyenne, l'une descendue dans Amé par le bure Lefel, et l'autre ravageant la bowette Nord et la bowette Sud. L'étage supérieur de 299 mètres a, avec, celui de 331 mètres, des communications nombreuses au Sud (les retours de toutes les veines du Sud) et plus limitées au Nord (les puits, le bure d'accrochage et le retour de Joséphine 331 Est). Comme nous l'avons vu, les retours des veines au Sud n'ont pas été atteints par l'explosion et sont restés indemnes, aussi bien celui de Joséphine 331 Sud-Est et Sud-Ouest que ceux de Sainte-Barbe et des dressants. En fait, toutes les voies du Sud à 299 mètres sont demeurées à l'abri des effets directs de l'explosion; elles ont été seulement envahies par les gaz méphitiques qui sont montés par le puits et ont pénétré dans les voies de fond par la bowette Sud 299. Au Nord, le quartier de la descenderie de Joséphine a été ravagé. Par où l'explosion y est-elle parvenue? Deux chemins étaient possibles : d'abord le retour de Joséphine

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331 Est (Pl. V. n° 14), branché sur la communication avec le n° 3, retour très long et très étroit, qui a paru absolument intact et où n'a été relevée aucune trace du passage de l'explosion; puis la bowette Nord 299, où l'explosion serait montée par le bure d'accrochage 331-299 ; celui-ci, en effet, a livré passage à un courant gazeux qui s'est épanché en partie dans Marie à mi-hauteur. En haut du bure, le courant aurait pris la bowette Nord jusqu'à la descenderie Joséphine. Il a été relevé en fait sur ce parcours trois éboulements serrants (Pl. V, n° 19); mais cette voie n'offrait pas d'une façon nette les signes caractéristiques du passage de l'explosion, feinte noire et dépôts de poussières et de coke. Une croûte très légère sur un bois semblait bien pourtant être cokéifiée. C'est ce chemin qui paraît le plus vraisemblable. Nous avons fini de suivre du côté de l'Ouest la marche de l'explosion à partir du n° 3; nous l'avons menée au n° 4 par un seulbo^ au d'abord, où sa violence, considérable au début, décroît progressivement, puis par deux dérivations où se manifeste une violence nouvelle ; ces deux branches ont abouti aux bowettes 331 Nord et Sud et se sont rabattues toutes deux vers les puits 4 et 11, aux environs desquels les bures ont servi de passage à l'explosion pour la faire pénétrer à faible distance dans les étages supérieur et inférieur.

Travaux du Nord dù n° 3, et du n° 2. — 11 nous faut revenir à notre point de départ, dans la bowette Nord 326, au croisement de la voie de fond de Marie, et chercher quelle a été la marche de l'explosion dans la région située au Nord de ce point, c'est-à-dire dans les quartiers commandés par les trois voies qui y aboutissent : Marie Ouest, Marie Est, bowette Nord au Nord de Marie. Nous examinerons successivement ce qui s'est passé de ces