Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 61]

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DANGERS PRÉSENTÉS PAR LES LAMPES DE SURETE

consiste en ceci : pendant l'explosion des pastilles fulminantes, il se détache des parcelles qui ne brûlent pas. Les unes sont projetées dans les tamis, les autres sont arrêtées par les parois du verre et de la boite du rallumeur; mais, comme les mineurs ont l'habitude de tenir la lampe horizontalement, ou même la tète en bas pendant qu'ils actionnent le rallumeur, de façon que, parrenversement du tirage, les vapeurs d'essence s'évacuent d'ellesmêmes par la couronne à tamis des lampes à admission d'air par le bas du type Wolf, toutes les particules détachées des amorces finissent par retomber dans les tamis ; les plus grosses restent dans la lampe, les plus fines traversent les mailles des tamis et vont se loger dans la cuirasse, d'autres, de grosseur intermédiaire, peuvent rester accrochées dans les mailles. Vient-on 'à placer la lampe dans une cloche pour la recherche du grisou, si la cloche contient un mélange explosif, celui-ci. entrant par le bas de la cuirasse, brûle dans le tamis intérieur, l'échauffé et fait détoner les particules d'explosif qui y sont logées ou qui sont restées dessus; celles-ci allument alors le mélange placé entre les deux tamis, et cette inflammation fait détoner à son tour les particules logées dans le tamis extérieur ou celles qui retombent du chapeau de la cuirasse sur le tamis extérieur, par suite des chocs inévitables de la lampe contre les parois de la cloche pendant la recherche du grisou ; d'où résulte l'inflammation du mélange explosif au dehors de la lampe. Telle est l'explication de l'accident de Liévin qu'on peut déjà déduire du rapport sommaire de M. Léon communiqué à la Commission du Grisou, et qui a été adoptée comme la plus probable par le Service des Mines du Pasde-Calais dans ses conclusions définitives sur l'accident. Le même phénomène est d'ailleurs à redouter dans le rallumage de la lampe plongée accidentellement dans un mélange explosif.

MUNIES DE RALLUMEURS A AMORCES FULMINANTES

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Nous avions donc à vérifier tout d'abord la réalité du danger de ces particules dans les mélanges explosifs d'air et de grisou. Nos expériences l'ayant bientôt mis hors de doute, et nous ayant montré, de plus, que les conditions physiques des rouleaux d'amorces influent beaucoup sur le plus ou moins de projections de particules, nous avons été amené à reprendre les essais sur le rallumage en atmosphère explosive en faisant varier ces conditions. Cette seconde série d'essais nous ayant montré que, dans des conditions particulières, mais susceptibles de se rencontrer fréquemment en pratique, « l'effet Marsaut » se produit beaucoup plus facilement que les expériences antérieures ne donnaient à le croire, nous sommes arrivé finalement à considérer les rallumeurs par amorces fulminantes, du moins telles qu'elles se fabriquent aujourd'hui, comme devant être exclus des mines grisouteuses. Nous avons donc été amené, en troisième lieu, à reprendre, à tous les points de vue précédemment envisagés, l'étude des rallumeurs à phosphore blanc, sur l'innocuité desquels des doutes pouvaient s'élever et qui, fort heureusement, nous ont donné des résultats satisfaisants, même dans des essais à outrance, pertnettant d'en conserver l'emploi. C'est dans cet ordre que nous présenterons les résultats des nombreux essais auxquels nous a conduit la communication du Service des Mines du Pas-de-Calais, à la suite de l'accident de Liévin.

I. — ESSAIS SUR LES PARTICULES DÉTACHÉES DES AMORCES FULMINANTES.

Les amorces fulminantes employées en France sont toutes de fabrication étrangère et sont livrées aux exploitants français soit par la maison H. Joris, de Liège