Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 41]

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ÉTUDE SUR L'INDUSTRIE DU FER

DANS LES ARDENNES FRANÇAISES

maisons, Mangon et Rousseau, à Thilay Laurent frères à Linchamps, se bornent à cette fabrication. Dans cette branche, on fait tous les genres; les boulons sont fabriqués presque toujours ii La machine ; seuls, certains boulons spéciaux sont encore forgés à la main. Les fabricants de Hautes-Rivières font surtout des ferrures et des articles de construction, articles pour la marine, l'artillerie, les chemins de fer, pour les constructeurs de machines. Depuis quelques années, la fabrication de pièces d'automobiles a pris une grande extension. 11 est à noter que la vallée de la Semoy ne possède aucune fonderie.

Force motrice. — La force motrice le plus fréquemment employée est la vapeur ; seules quelques toutes petites ferronneries emploient des moteurs à pétrole. En ce moment, l'usine Manquillet, à Sorendal, remplace sa machine à vapeur par un moteur à gaz pauvre do 65 chevaux. Les usines hydrauliques sont rares : les boulonneries Laurent à Linchamps et un petit atelier à Hautes-Rivières sont installés sur un ruisseau descendant à la Semoy ; une petite usine à Thilay se sert du ruisseau de la Passe, mais le débit de ces petits cours d'eau est trop faible en été pour fournir la force nécessaire, et souvent il faut recourir à l'aide d'une machine à vapeur. La maison Avril, àHaulmé, possède sur la Semoy une turbine de 30 chevaux ; de môme une annexe des ateliers Mangon et Rousseau à Navaux (tréfilerie). Plus en aval, à Phades, se trouve une installation de tout premier ordre, raccordée en outre à la voie ferrée de l'Est, mais l 'usine n'est qu'incomplètement occupée par une fabrique de tôles galvanisées. Pourtant la Sermry, à courant rapide, se prêterait à des barrages et pourrait fournir une force motrice considérable. De même les ruisseaux qui descendent dans les vallons latéraux pourraient être utilisés par des barrages et des réservoirs et seraient une source d'énergie hydroélectrique facile à capter :1a houille verte est encore à utiliser dans celte région. Seulement il faudrait des capitaux, et nous avons déjà fait remarquer que ce défaut est le point faible de l'industrie delà vallée.

Matières premières. — Le fer travaillé est pris le plus souvent dans les forges de larégion: Laval-Dieu, Vireux r Flize (cette forge a un dépôt à Nohan) ; quelquefois^ mais plus rarement, dans le Nord ou à Paris. La houille et le coke viennent du Nord ou de Liège ; certains fabricants travaillant pour la Belgique profitent du bénéfice de l'admission temporaire des fers qu'ils doivent réexporter. Débouchés. — Ils sont des plus variés. Beaucoup de marchandises sont vendues sur le marché de Paria. Quelques petits industriels travaillent à façon pour des marchands de fers de Charleville. Les commandes des administrations ne sont presque jamais soumissionnées par les industriels de la vallée de la Semoy ; elles leur sont remises en seconde main par les maisons de construction. Le Nord achète beaucoup de ferrures dans la vallée de la Semoy. Quelques fabricants travaillent pour la Belgique; des maisons de boulonnerie exportent en Espagne et jusqu'en Grèce.

Organisation du travail. — Certains ouvriers, les cloutiers, les boulonniers à la main, les forgerons en boutons et ferrures, travaillent chez eux en boutique. Les usines font le filetage et le taraudage des boulons fabriqués à la main, le tournage et le finissage des pièces de ferrures. Les boulonneries font autant que possible leurs boulons à la machine, mais pour certaines séries elles sont obli-