Annales des Mines (1907, série 10, volume 11) [Image 333]

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NOTE SUR LE MINERAI DE FER SILURIEN

DE BASSE-NORMANDIE

comme le Saint-Rémy ; ils aiment peu à modifier leurs lits de fusion. Les métallurgistes allemands s'accommodent beaucoup mieux de minerais un peu variables. L'Angleterre a fait jusqu'à présent surtout de l'acier acide Bessemer ou Martin acide; pour cette fabrication, il ne peut être fait usage de minerai phosphoreux, donc de minerai normand. Il faut recourir, outre les minerais indigènes, aux minerais purs d'Espagne, dont le tonnage disponible et la richesse diminuent, à ceux d'Algérie, et depuis quelques années aux minerais très riches de Krivoï-Rog. En raison du prix élevé qu'atteignent ces minerais, et à la faveur du renouvellement de l'outillage qu'il a paru opportun d'effectuer dans beaucoup d'usines anglaises, spécialement au Cleveland, il se produit une transformation des convertisseurs et fours acides en appareils basiques. Les ressources de minerai phosphoreux en Suède pourront donc être mises à profit en Angleterre. Cependant le procédé Martin, ou sa variante Talbot, étant plus en honneur que le procédé Thomas, les classes les moins phosphoreuses et aussi les moins abondantes du minerai suédois seront les plus recherchées. Le minerai normand convient parfaitement aux procédés Martin et Talbot et peut donc être utilisé largement en Angleterre. En temps normal il revenait aux ports anglais à 13 fr. 50 ou 14 francs : base, 50 p. 100; tandis que le minerai de Bilbao valait 15 à 16 francs, même base, et le minerai phosphoreux de Suède 18 à 19 francs : base, 60 p. 100. En Westphalie, il n'est guère fait que de l'acier basique, Thomas ou Martin ; on recourt à peu près également à ces deux procédés. Les minerais phosphoreux de Suède et de Lorraine font donc le fond de la consommation. Le minerai de Suède doit être mélangé avec des minerais plus purs pour abaisser sa teneur parfois excessive en phosphore ; les minettes de Lorraine doivent être mélangées aussi pour la fonte Martin. C'est avec le mine-

rai espagnol que l'on fait le mélange ; le minerai normand convient aussi très bien à cet usage. Il est probable que le minerai de Suède sera de plus en plus employé, malgré la difficulté de sa fusion, de préférence aux minettes médiocrement riches de la Lorraine annexée, en raison de sa teneur élevée, qui permet les grandes productions, et de la facilité toujours plus grande de son transport. L'aménagement prochain de voies ferrées reliant les usines du groupe de Dortmund à l'extrémité du canal d'Emden à Dortmund permettra d'augmenter considérablement le tonnage de minerai suédois pénétrant en Westphalie par cette nouvelle voie d'eau. De ce qui précède, il ressort que l'on n'est pas en peine d'utiliser le minerai normand là où il est exporté et qu'on pourrait en absorber des tonnages beaucoup plus considérables que ceux de ces dernières années. Ce minerai, d'ailleurs, s'il est utile comme appoint, n'est nullement nécessaire à la métallurgie anglaise ou westphalienne. Il leur serait facile de se passer des 100 à 140.000 tonnes qu'elles reçoivent chacune, quantités bien peu importantes comparées aux 7.350.000 tonnes de minerais de fer variés importés en Angleterre et aux 4.350.000 tonnes entrées en Westphalie par Rotterdam, en 1905.

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VII. UTILISATION DANS LE NORD DE LA FRANCE.

Le carbonate calciné est maintenant à peu près le seul minerai normand expédié aux usines métallurgiques du Nord ; le Calvados n'y envoie plus que deux ou trois milliers de tonnes d'hématite depuis la mise en valeur du gisement de l'Orne par les Sociétés de Denain et d'Anzin et des Aciéries de France, qui sont dans le Nord les plus

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