Annales des Mines (1907, série 10, volume 11) [Image 129]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

cruellement à tous ceux que tant de chers liens attachaient à lui. Ingénieur en Chef au Corps des Mines, ancien Directeur de l'École des Mines de Saint-Étienne, de Castelnau nous appartenait depuis dix ans. Il avait bien voulu, malgré les grands intérêts dont il était déjà chargé, nous consacrer une part de son temps et de son infatigable activité . Trop longue serait l'énumération des services rendus par lui à notre Compagnie, des décisions importantes provoquées par les études approfondies auxquelles il se livrait sur les ressources de notre gisement. Est-il besoin de rappeler quelle place la sécurité de nos mineurs tenait dans ses préoccupations, quelle ardeur il apportait àl'examendes moyens d'améliorer les conditions et de diminuer les risques de leur travail, d'augmenter leur bien-être, de leur ménager les avantages susceptibles d'être mis à leur portée? Notre haut personnel, qu'il inspirait sans rien lui enlever de son initiative, avait en lui la confiance la plus justifiée, reconnaissant sa compétence exceptionnelle, l'autorité discrète et courtoise du chef expérimenté. Nos jeunes ingénieurs, qu'il aimait souvent à traiter en camarades plutôt qu'en subalternes, n'oublieront pas avec quelle sollicitude il s'informait de leurs situations respectives et s'intéressait au développement de leur carrière. A ces qualités, qui lui valaient l'estime et la déférence de tous, combien d'autres s'ajoutaient qui lui attiraient les sympathies : à côté de l'ingénieur toujours consulté avec fruit, nous trouvions le meilleur des collègues, et, dans l'intimité d'une collaboration fréquente, l'ami le plus sûr. De Castelnau, en effet, n'était pas seulement une intelligence supérieurement douée et cultivée, c'était un caractère et c'était un grand cœur. Il avait puisé à la source des plus saines et des plus

DE M. DE CASTELNAU

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nobles traditions ces principes et ces sentiments de foi chrétienne, d'honneur, de droiture, de franchise vaillante, devant lesquels on ne pouvait pas ne pas s'incliner. Il était bien, à cet égard, le frère des hommes distingués dont les services et le talent ont marqué brillamment leur place dans l'armée, dans le barreau et le Parlement. C'est à son attitude d'une simplicité digne, bien faite pour rehausser son mérite, qu'il devait les suffrages fidèles de ses électeurs du Gard, et son siège au Conseil Général de ce département. La pensée du bien qu'il était appelé à faire, qu'il aurait certainement fait encore, navre tous ceux qui, l'ayant connu, ne cesseront pas de le regretter. Que dire du déchirement profond que sa perte laisse au cœur des siens, dans cette famille si fortement groupée, si tendrement unie, où la mort, dont les choix mystérieux déconcertent et troublent les âmes les mieux trempées, vient de jeter le deuil et la désolation? Nous ne trouvons pas de paroles en face d'une pareille douleur, mais nous voudrions que l'expression de nos sympathies portât jusqu'à elle quelque chose comme un adoucissement. C'est à cela seulement que peuvent prétendre notre condoléance émue et notre reconnaissant souvenir. A Dieu, cher collègue et ami, à Dieu.