Annales des Mines (1907, série 10, volume 11) [Image 7]

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NOTICE GÉOLOGIQUE ET MINIÈRE

anciens littoraux dans la configuration actuelle du plateau central africain. Je n'insisterai cependant pas sur cette partie purement scientifique de la mission à la fois géologique et minière dont j'ai été chargé. Mes études ont surtout porté sur le mode de formation et sur la répartition des gisements miniers de cuivre, de plomb et de zinc dans le bassin du Kouilou-Niari qui, bien qu'ils fussent signalés depuis déjà de nombreuses années par les premiers explorateurs de la région, ont, dans ces derniers temps, attiré plus particulièrement l'attention publique sur cet élément de richesse de notre Colonie centre-africaine. Les constatations que j'ai faites sur place, tant sur les gîtes qui ont été déjà partiellement reconnus par quelques explorations que sur ceux, plus nombreux, qui n'ont été encore l'objet d'aucun travail d'investigation, m'ont conduit à établir un certain nombre de conclusions pratiques qui permettront dans l'avenir de diriger les travaux de recherche des prospecteurs vers les régions où ils ont le plus de chance d'aboutir. Une étude de ce genre m'a amené forcément à examiner la question capitale des transports dont on ne peut séparer l'examen de gisements miniers de cette espèce, dans un pays dépourvu de toutes voies de communication, même rudimentaires, en dehors de la ligne de chemin de fer à voie de 0 m ,75 construite par les Belges sur le territoire de l'État Indépendant pour relier le Stanley Pool à la mer. (Longueur : 390 kilomètres.) Ma mission, qui comportait le recrutement d'un assez grand nombre de porteurs pour le transport des vivres et du matériel de prospection, a été considérablement facilitée par l'appui qui m'a été libéralement accordé par le Commissaire général delà République au Congo Français, M. Gentil, auquel j'exprime ici toute ma reconnaissance. Je dois mentionner aussi le concours très efficace que j'ai

SUR LE BASSIN CUPRIFÈRE DI" KOUILOU-NIARI

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trouvé en cours de route auprès des Administrateurs, des Chefs de Poste et des Missionnaires établis dans le pays. La sécurité est complète dans toutes les régions qui ont été traversées par notre expédition, et nous avons pu nous servir, comme moyens d'échange, de la monnaie française sur la majeure partie de notre itinéraire. C'est là un progrès d'une importance capitale, qu'il importait de signaler dans ces contrées jusqu'ici vouées à la forme commerciale inférieure du troc ou de l'échange en nature, que l'Administration s'efforce, ajuste titre, de remplacerpar l'emploi •de notre monnaie nationale.

ITINÉRAIRE DE LA MISSION.

La Mission a choisi le port de Loango comme point de départ initial. Cette décision a énormément facilité le transport du matériel et des vivres nécessaires à l'expédition, et c'est grâce à ce fait que nous avons pu, en moins de •deux mois, exécuter notre itinéraire complet. La question du portage à dos d'hommes devient en effet de plus en plus difficile à résoudre. Les villages, aux abords de la route des caravanes, ont disparu ou bien se sont éloignés dans la brousse pour éviter les réquisitions. Il en est tellement ainsi que pour les transports à la descente, c'est-à-dire de Brazzaville à la côte, on n'arrive à les assurer qu'en faisant venir de Loango les porteurs nécessaires. Cette magnifique race des Loango porteurs se trouve malheureusement décimée et abâtardie par l'alcool dont on a trop abusé comme stimulant dans les temps passés. Je dois rendre aussi hommage au soin avec lequel mon collègue de voyage, M. Léon Guiguet, avait préparé à l'avance le recrutement de nos porteurs; aussi, débarqués le 16 Juillet à Loango, avons-nous pu nous mettre en route, avec notre caravane de 70 porteurs, le 27 du même mois.