Annales des Mines (1906, série 10, volume 10) [Image 284]

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LES CALCAIRES ASPHALTIQUES DU GARD

à Servas. Les travaux, effectués vers 1873, explorèrent un banc de calcaire bitumineux épais de l m ,50 environ, de direction N.-N.-E., plongeant de 15° vers l'Est, surmontant un conglomérat d'une puissance de 0 m ,40, à galets calcaires avec ciment bitumineux. La roche, qu'elle appartint à l'un ou l'autre de ces deux niveaux, était d'ailleurs impropre atout usage industriel (fig. 16).

CHAPITRE VI. CONCLUSION.

Les gisements asphaltiques du bassin du Gard se présentent donc finalement, du moins pour la majeure partie et, en tous cas, pour tous ceux qui ont une importance industrielle, comme constitués par une série d'épanchements dans les formations lacustres, s'étendant à peu de distance à l'Ouest du contact des terrains secondaires et tertiaires. Non seulement les gîtes apparaissent dans leur ensemble comme interstratifiés dans l'Infratongrien, mais encore il y a dans la roche asphaltique une stratification très nette, les filaments bitumineux se séparant fréquemment en zones parallèles des parties stériles ou plus pauvres, formant ainsi la roche striée caractéristique. D'aucuns ont voulu voir dans ce fait la preuve très nette d'une formation sédimentaire contemporaine de celle des assises lacustres, le bitume pouvant provenir soit d'anciens gîtes ayant subi un remaniement à l'époque tertiaire et venant se déposer sur les bords d'un rivage, soit de sources minérales bitumineuses qui débouchaient au fond de lagunes, le bitume se déposant alors en même temps que les calcaires. La première théorie s'appuyait sur le fait qu'en certains

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points delà région, dans le Néocomien et le Cénomanien, on connaissait soit du bitume à l'état de traces dans des grès ou des calcaires, soit des schistes bitumineux jadis exploités à Vagnas dans l'Ardèche, gite sur lequel nous donnons quelques indications dans une annexe ; la seconde, sur ce que certaines sources minérales de la région, en particulier celles des Fumades et d'Euzet-les-Bains, ont une légère teneur en matières bitumineuses (ceci pourrait d'ailleurs simplement être dû à la proximité de gîtes bitumineux dans lesquels auraient circulé les eaux alimentant ces sources, gîtes d'ailleurs connus près des sources des Fumades). A cette hypothèse sédimentaire, on a opposé celle de l'imprégnation postérieure des roches par des vapeurs hydrocarburées amenées par des faibles vapeurs dues soit à des émanations volcaniques, soit à une distillation de houilles voisines (celles du bassin d'Alais). Quoi qu'il en soit de ces diverses théories, les calcaires asphaltiques du Gard sont connus dès à présent comme étant d'une richesse notable, et particulièrement aptes à la préparation des divers produits, mastic ou poudre asphaltique, nécessaires pour les emplois industriels.il reste à souhaiter que le zèle des chercheurs ne se ralentisse pas, et que les résultats déjà obtenus soient un stimulant de plus pour de nouveaux travaux. Quand bien même les gisements n'auraient de chance d'être rencontrés que sur la bordure du secondaire et du tertiaire, il y a là encore un champ suffisamment vaste pour tenter les chercheurs. Janvier 1006.