Annales des Mines (1906, série 10, volume 10) [Image 285]

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LES CALCAIRES ASPHALTIQUES DU GARD

ANNEXE. SCHISTES BITUMINEUX DE VAGNAS (*).

Le gisement de Vagnas, qui semble être la dernière manifestation hydrocarburée de la région d'Alais vers le Nord, se trouve dans le département de l'Ardèche ; mais l'imprégnation bitumineuse a affecté ici non plus des calcaires, mais des schistes situés dans un étage formé par des alternances d'argiles, de grès, de sables réfractaires et de schistes. Indépendamment des schistes bitumineux, on trouve aussi dans ce même horizon géologique îles lignites qui se poursuivent plus au Sud par ceux exploités à Connaux ou à Pont-Saint-Esprit, dans le Gard. L'âge de cette formation est nettement antérieur à celui du bassin-asphaltique précédemment décrit, puisqu'une coupe faite dans la concession de Vagnas donne : I. Calcaires à Chaîna ammonia du Néocomien supérieur ; II. Grès verts, marnes et calcaires à Ostrea aquila de l'Aptien ; III. Couches à lignite et schistes bitumineux; IV. Calcaires à Hippariteseornuvaccinum et àNérinées du Turonien ; V. Tertiaire inférieur lacustre. Les couches imprégnées seraient donc intermédiaires entre le Turonien et l'Aptien, cénomaniennes comme les lignites de Pont-Saint-Esprit. Elles ont une direction N.-S., un pendage 25° O. L'exploitation a porté à Vagnas sur deux quartiers (*) La concession de lignite et schistes bitumineux de Vagnas a été instituée par l'ordonnance du 13 janvier 1842 ; elle portait primitivement sur 195 hectares ; un décret du 26 septembre 1839 l'a étendue à 397 hectares.

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limités au Nord et au Sud par deux failles que l'on n'a pas cherché à traverser. Les galeries partaient du jour, exploraient le gisement suivant le pendage; les eaux n'ont pas permis, à cause de l'imperfection des procédés d'épuisement employés, de s'avancer à plus de 300 mètres du jour. Dans l'un des quartiers, on exploitait le lignite nécessaire à l'usine de distillation ; dans l'autre, les schistes. Deux couches bitumineuses étaient connues : l'inférieure, m dite de Réal, avait une ouverture de l ,50, la pauvreté de l'imprégnation la rendait inexploitable ; son toit était constitué par un banc de pyrite de 0 m ,10, surmonté de 0 m ,90 d'un lignite pyriteux et cendreux, et enfin de schistes terreux. Au-dessous des calcaires à Hippurites, et au-dessus de l'étage du Réal, se trouvait la couche de schistes bitumineux exploitée, ou couche de Champerebat ; c'étaient des schistes noirs et brillants, à cassure conchoi'de, d'une puissance moyenne de l m ,80, qui donnaient à la distillation des produits tout à fait comparables, comme quantité et comme qualité, à ceux obtenus avec les schistes bitumineux d'Autun. On avait, aux 100 kilogrammes de schistes soumis au traitement, comme produits marchands, 3 kg ,500 8 tg d'huiles d'éclairage, l' ,600 de goudrons et 0 ,400 de paraffine, pour 12 kilogrammes d'huiles brutes. On avait également des eaux ammoniacales et sulfhydratées que l'on n'utilisait pas, et des gaz qui servaient à l'éclairage de l'usine. L'usine de distillation était installée sur le carreau même de la mine. La concurrence des produits de l'Amérique et du Caucase, les frais qu'aurait nécessités la remise en état des travaux, ont empêché toute reprise sérieuse de l'exploitation arrêtée depuis 1869. La mine avait été en activité de 1859 à 1869, années pendant lesquelles l'extraction moyenne annuelle avait été de