Annales des Mines (1906, série 10, volume 9) [Image 42]

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des Essais, l re éd., 1835, t. II, p. 283) : « Il est indubitable que le soufre se trouve dans les laitiers d'Hayange combiné avec du calcium... 11 en est probablement de même dans la plupart des autres laitiers sulfureux, mais il y a lieu de croire cependant que dans quelques-uns le soufre est combiné avec du manganèse métallique. » Berthier avait cherché à contrôler par des essais delaboratoire les déductions qu'il avait tirées de ses analyses. C'est du moins ce qui semble résulter du passagesuivant (Traité des Essais, l ro éd., t. II, p. 193) : « A la faveur du charbon, la baryte et la chaux dé« composent le sulfure de fer en grande partie... La « chaux décompose une quantité très notable de sulfure de « fer quand elle se trouve avec la silice en proportion telle « qu'elle puisse former un silicate (c'est-à-dire un proto« « « « « « « «

silicate, suivant la nomenclature de Berthier) ou même un composé qui se rapproche plus du silicate (protosilicate) que du bisilicate. Ces considérations conduisent à Une conséquence importante relativement au traitement des minerais de fer par le coke : comme ce combustible contient toujours des pyrites, on voit que, pour obtenir de la fonte qui contienne le moins possible de soufre, il convient de surcharger les laitiers de

« cas Une. » La conclusion était fort juste; elle présentait, au point de vue pratique, un intérêt considérable dont les sidérurgistes de cette époque ne semblent pas s'être rendu compte. Berthier avait entrevu la possibilité de faire intervenir efficacement le manganèse dans la désulfuration des fontes, mais il n'avait pas insisté sur son emploi pour cet usagc„ comme il l'avait fait pour celui de la castine. J. Percy s'occupa incidemment de la question, sans: la faire avancer sensiblement. Il se borna en effet (Metallurgy-Iron and Steel, p. 512) à constater que les.

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laitiers manganésifères contenaient ordinairement une forte proportion de soufre. Ce fut le capitaine Caron qui, en 1863, précisa le rôle du manganèse dans la désulfuration des fontes. 11 constata qu'en fondant une fonte à 1,15 p. 100 de soufre avec 6 p. 100 de manganèse et en laissant reposer un certain temps la masse en fusion, on obtenait un produit ne tenant que 0,15 p. 100 de manganèse [C. B. de TAc. des Se., t. LVI, p. 828). La conclusion de cette expérience était qu'il avait dû se former du sulfure de manganèse et que ce composé s'était dissous dans la scorie ou bien était monté à la surface du bain liquide en vertu de sa moindre densité. A partir de cette époque, l'emploi d'additions manganésifères, combiné avec l'augmentation du dosage en castine, s'introduisit peu à peu dans la pratique des usines françaises où se développait la fabrication des fontes pures pour l'application du procédé Bessemer (Janoyer, Ann. des Mines, 7 e série, t. III, p. 119). L'introduction des appareils en terre réfractaire pour le chauffage du vent vint, d'autre part, faciliter la désulfuration par les laitiers calcaires, en permettant d'augmenter la basicité de ces laitiers sans être arrêté dans cette voie par leur peu de fusibilité. Enfin, à une époque plus récente, l'emploi des mélangeurs a permis de pousser la désulfuration plus loin qu'on le faisait jusque-là, sans qu'il fût nécessaire de modifier la composition du laitier. En pratique, le soufre contenu dans les charges du haut fourneau est éliminé couramment sous forme de sulfures de calcium et de manganèse : la prédominance attribuée, dans chaque cas particulier, à l'un ou l'autre de ces deux sulfures dépend surtout de considérations économiques. Pour apprécier l'importance de l'élimination réalisée, il convient d'établir, avec le plus de précision pos-