Annales des Mines (1906, série 10, volume 9) [Image 41]

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ÉLIMINATION DU SOUFRE DES PRODUITS SIDÉRURGIQUES

ÉLIMINATION DU SOUFRE DES

PRODUITS SIDÉRURGIQUES Par M. LODIN, Ingénieur en Chef des Mines, Professeur à l'École supérieure des Mines.

Les anciens métallurgistes savaient bien que le soufre exerçait, sur la qualité des fontes, des fers et des aciers, une influence défavorable, mais ils n'avaient sur ce point que des notions assez vagues, parce que le régime général de la sidérurgie à cette époque ne leur imposait pas une étude approfondie de la question. On employait alors, comme matières premières, du combustible végétal, sensiblement exempt de soufre, et des minerais de surface, désulfurés par l'action prolongée des agents atmosphériques. Il n'était pas nécessaire de prendre des précautions spéciales pour obtenir des produits dont la teneur en soufre fût pratiquement négligeable. Lorsqu'on était obligé d'utiliser des minerais contenant quelques mouches de sulfures, on les purifiait soit par une exposition prolongée à l'air, soit par un grillage convenablement dirigé. Cette dernière formule est encore aujourd'hui d'usage courant en Suède ; son application systématique contribue à conserver aux produits sidérurgiques de ce pays la pureté exceptionnelle qui leur assure une plus-value importante. La désulfuration préalable des minerais est réalisable moyennant quelques dépenses : celle du combustible ne l'est pas, dans la pratique industrielle du moins. La substitution du coke au charbon de bois dans les charges

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du haut fourneau impliqua donc l'introduction dans cet appareil de quantités importantes de soufre dont l'influence se traduisit par une diminution de la qualité du produit. L'infériorité des fontes au coke par rapport aux fontes au charbon de bois obtenues en allure similaire apparut immédiatement, mais les causes en restèrent longtemps obscures. Elles étaient multiples d'ailleurs : à l'influence du soufre venait souvent se joindre celle du phosphore, due à un choix moins rigoureux des minerais traités au haut fourneau. D'autre part, la nécessité de marcher à une allure plus chaude, pour assurer l'évacuation de laitiers moins fusibles, conduisait à produire des fontes plus chargées de silicium et par conséquent plus difficiles à affiner. Enfin la substitution du puddlage à l'affinage au bas foyer et celle du laminage au martelage, coïncidant le plus souvent avec celle du combustible minéral au combustible végétal dans la production de la fonte, venaient encore compliquer la question et retarder la détermination exacte des causes qui avaient amené la diminution de qualité des divers produits sidérurgiques. La première moitié du xix e siècle a été à cet égard une période d'incertitude et de confusion; au cours de la deuxième moitié, au contraire, les influences respectives du soufre, du phosphore, des scories restant mélangées avec le fer après affinage, ont été définies avec une précision suffisante pour permettre d'obtenir, avec le combustible minéral, des produits de qualité comparable à ceux que l'on obtient avec le combustible végétal. En ce qui concerne la fabrication de la fonte, les premières indications précises sur les moyens à employer pour éliminer le soufre paraissent avoir été fournies par Berthier. Ce chimiste éminent avait constaté que certains laitiers, notamment ceux d'Hayange, contenaient une forte proportion de ce métalloïde. 11 ajoutait {Traité