Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 268]

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NOUVELLE MÉTHODE D'EXPLOITATION

Nous retiendrons toutefois, comme base de comparaison des deux méthodes au point de vue de la sécurité du personnel ouvrier, le coefficient de mortalité déterminé par M. Ichon pour les carrières en descendant sous voûte; mais nous avons jugé nécessaire de signaler qu'il aurait fallu compter dans l'avenir sur une aggravation sensible de ce coefficient, déjà très élevé par rapport à ceux que présentaient, à la même époque, les mines de houille et les carrières souterraines de la France. Disons de suite qu'un coefficient beaucoup plus satisfaisant peut être d'ores et déjà considéré comme acquis à l'exploitation en remontant, même prise dans son ensemble et en y comprenant les diverses variantes de transition suivant lesquelles a été successivement appliqué le principe des gradins renversés. MÉTHODE

EN

REMONTANT.

Le premier essai d'abatage par gradins renversés remonte, ainsi qu'on l'a vu, à l'année 1879. Il a été pratiqué au fond n° 3 de l'ardoisière des Grands-Carreaux, de 1879 à 1887, et décrit d'une façon détaillée dans la notice de M. Ichon (1890). Le procédé consistait, comme on le sait, à ouvrir une chambre montante dans un des chefs d'une chambre descendante parvenue à la limite de son approfondissement. Les données particulières de l'expérience des GrandsCarreaux (fig. 1 et 2, Pl. II) étaient plutôt de nature à rendre cette expérience dangereuse. La chambre descendante dont la voûte se trouvait à 140 mètres au-dessous du sol, mesurait en plan des dimensions considérables : 35 mètres en direction (entre chefs) sur 65 mètres entre parois. Sa hauteur sous voûte n'était que de 35 mètres, mais c'était en raison même de la mauvaise

DES

ARDOISIÈRES

DU

BASSIN

DE L' ANJOU

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tenue des parois que l'approfondissement n'avait pas été poussé davantage. La chambre montante fut ouverte par une avancée de 2 mètres de hauteur, sur 43 mètres en direction et 35 mètres entre parois, la paroi sud coïncidant avec celle de la chambre descendante. La surface des deux chambres atteignait donc près de 4.000 mètres carrés, celle de la chambre descendante dépassant à elle seule le maximum, aujourd'hui réglementaire, de 2.000 mètres carrés. Quoi qu'il en soit, aucun accident ne se produisit par éboulement pendant toute la durée de l'exploitation montante qui se continua d'une façon irrégulière pendant irait années jusqu'au niveau de la voûte du fond descendant. L'abatage se faisait par tailles horizontales en travers, chaque taille ayant une hauteur de 3 m ,33 et unfront égal à la longueur en direction de la chambre montante. La taille était attaquée par une foncée verticale de même hauteur et de 2 mètres de largeur, prise en montant contre la paroi nord. A cela près que les tailles des chambres montantes ont aujourd'hui i mètres de hauteur, et qu'une seule se trouve généralement en activité, tandis que plusieurs gradins' marchaient simultanément aux Grands-Carreaux, on doit reconnaître qu'en ce qui concerne l'exploitation proprement dite de la chambre, la méthode montante intégrale — telle (pie nous la définirons plus loin — n'a fait qu'adopter et ne pouvait d'ailleurs qu'adopter le dispositif d'abatage du fond n° 3 des Grands-Carreaux. Dès 1879, une ardoisière du centre d'Angers pratiquait donc l'abatage par tranches horizontales prises en remontant, avec emploi de remblais pour combler les vides de l'exploitation. On pourrait au premier abord s'étonner que, depuis cette date, près de vingt années se soient écoulées avant l'élaboration et la mise en œuvre d'une méthode générale, convenant au cas d'une exploitation