Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 162]

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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

à 1.200 kilogrammes par ouvrier du fond. On peut seulement, en vue d'éliminer dans une certaine mesure les effets des différences profondes qui existent dans la nature même des gisements et dans leurs conditions d'exploitation, rapprocher le rendement moyen journalier du piqueur en Nouvelle-Galles du Sud, qui ressort à environ 4.000 kilogrammes, de celui du piqueur de nos bassins du Centre de la France, qui atteint 6 à 7 tonnes. 1.000

Mines métalliques. — Dans les mines métalliques, les comparaisons ne sont pas plus aisées ; je citerai cependant l'exemple des mines de Cobar, où l'on attaque à l'aide de puissantes perforatrices, et sans épargner la dynamite, un très large filon de pyrite cuivreuse, le plus souvent complètement massive ; la production journalière d'un mineur travaillant au massif, dans les meilleures conditions, y est de 4 à 5 tonnes, c'est-à-dire à peine égale à celle que l'on réalise dans certaines mines de pyrite de fer françaises, sans que le gisement se présente dans des conditions plus favorables et sans que l'on y fasse des dépenses d'air comprimé et de dynamite aussi importantes. Les filons aurifères sont trop irréguliers et trop capricieux à tous points de vue pour que je puisse emprunter à leur exploitation des donées ayant quelque valeur comparative. Cependant l'exécution des travers-bancs au rocher dans les mines d'or peut fournir des chiffres à rapprocher de ceux que l'on pratique dans notre pays : le creusement d'une galerie de 2 mètres sur l M ,50 dans des roches de dureté moyenne se paye à Reefton (N. Z.) à raison de 1 £ 4 sh. (30 fr.) par pied d'avancement, soit environ 100 francs le mètre, pour la main-d'œuvre seule, ce qui assure aux mineurs des journées de 10 à 12 sh. (12 à 15 fr.) ; avec un prix par mètre moitié moindre, nos mineurs français travaillant à 3 postes , c'est-à-dire 8 heures comme les Australiens, se feraient facilement des journées

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de 0 à 7 francs, c'est-à-dire qu'ils réaliseraient un avancement au moins égal. Enfin, les ouvriers du jour, pas plus que les manœuvres du fond, ne m'ont paru déployer aucune activité exceptionnelle en Australasie. Nulle part je n'ai eu, sur le carreau des mines ou dans les usines de traitement des minerais, l'impression que le travail se faisait avec un personnel restreint par rapport à ce qui eût été considéré comme nécessaire chez nous : mais partout, même là où les fonctions des ouvriers étaient les moins astreignantes, le travail était organisé à 3 postes, tandis qu'en France on n'eût pas hésité à le faire faire à 2 postes ; c'est-à-dire que l'on employait 3 hommes là où nous nous serions contentés de 2. § IL —

CONCLUSIONS.

Les quelques indications qui précèdent suffisent à montrer que, quelque élevés que soient les salaires en Australasie, et malgré la satisfaction qu'ont en somme reçue partout, tantôt du fait de la loi et tantôt du fait des habitudes établies, les revendications relatives à la journée de 8 heures, la qualité et la valeur du travail fourni durant ces heures écourtées, et en échange de ces salaires doubles de ceux de l'Europe, ne sont pas supérieures à ce qu'elles sont chez nous. Le travail de l'ouvrier mineur de l' Australasie est donc caractérisé, d'une part, par un rendement par journée de travail inférieur, dans l'ensemble, à ce qu'il serait dans les mêmes gisements supposés transportés dans nos pays, et, d'autre part, par des salaires journaliers à peu près doubles. La dépense de main-d'œuvre pour un même travail est donc plus que doublée ; c'est dire qu'une même substance (le charbon par exemple, si ou lui suppose, ce qui n'est pas bien loin d'être exact, un même prix de vente