Annales des Mines (1905, série 10, volume 7) [Image 335]

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COMMISSION DU GRISOU

L'intérieur du casque est isolé de l'atmosphère extérieure au moyen d'un petit pneumatique que l'on gonfle à volonté avec une poire. Pour faciliter son remplacement éventuel, ce pneumatique, au lieu d'être collé comme il l'était dans le modèle précédent, est maintenant fixé en place au moyen d'une petite tringle en acier. Le masque communique avec l'atmosphère extérieure par deux petites soupapes placées de part et d'autre au-dessus de la membrane qui règle la quantité d'air aspiré ; ces soupapes sont formées de deux lames de caoutchouc appliquées l'une contre l'autre par une surface suffisante pour assurer l'étanchéité. Elles s'ouvrent de dedans en dehors dans la période d'expiration et se ferment, au contraire, de dehors en dedans dans la période d'aspiration. Les oreilles sont d'ailleurs complètement libres, le sauveteur reste donc en communication avec l'extérieur et peut parler et percevoir tous les bruits ou les avertissements, condition indispensable pour sa sécurité. Issai de l'appareil. — J'ai procédé, le 8 juin 1905, à un essai de l'appareil dans lequel je me suis préoccupé surtout de la question de construction de l'appareil, de durée possible du séjour dans le milieu irrespirable, et dos conditions dans lesquelles se fait la respiration. J'avais déjà procédé, le 12 février 1904, à un essai pendant lequel j'avais séjourné avec l'appareil dans la cave d'exercice de la caserne des pompiers du boulevard PortRoyal, où on avait fait brûler dans un récipient environ 3/4 de litre de sulfure de carbone. L'atmosphère était saturée d'acide sulfureux et parfaitement irrespirable. J'avais constaté alors: 1° l'isolement parfait du masque respiratoire ; 2° la très grande facilité de la respiration, qui ne devient un peu pénible que tout à fait à la fin, quand la pression tombe au-dessous du point oii le signal

RAPPORT SUR L'APPAREIL VANGINOT

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d'alarme fonctionne ; 3° la fraîcheur constante de l'air, fraîcheur qui se maintient, m'a-t-on dit, même quand on se place dans une atmosphère à haute température. Cela s'explique tout naturellement par la grande absorption de chaleur due à la détente de l'air, qui abaisse considérablement la température des bouteilles et suffit à les maintenir à basse température, même dans une atmosphère chaude, et à écarter toute crainte de surpression; 4° la liberté complète des mouvements, qui permet de se livrer à n'importe quel travail ; 5° la légèreté du casque, la douceur du contact et l'absence totale de gêne de ce côté. J'ai répété ces constatations avec le nouvel appareil, dans les mêmes conditions, et reconnu qu'elles s'appliquent toujours exactement. J'ai pu m'assurer notamment que l'appareil, avec sa nouvelle construction, permet une certaine dépense de forces entraînant une respiration plus active. J'ai fait moi-même, et fait faire par des sapeurs-pompiers munis de l'appareil, du pas gymnastique pendant quelques minutes sans arriver à l'essoufflement, mais j'ai constaté en même temps que la limite est très variable suivant les individus et dépend des conditions physiologiques de chacun. Il en résulte que, pour les sauvetages, il vaudra mieux ne pas prendre les hommes au hasard, mais choisir par une sélection préalable ceux qui peuvent le mieux et le plus longtemps travailler dans les conditions spéciales où se trouve placé l'homme muni de l'appareil. Le poids de l'appareil est resté le même, 12 kilogrammes, grâce à la suppression de tout ce qui était inutile et aux perfectionnements apportés dans la fabrication des bouteilles, qui sont maintenant plus légères, à égalité de capacité. Ce poids est bien réparti sur les épaules et les reins et ne gêne nullement le sauveteur. Les bouteilles sont placées verticalement (fig. 1 et 2)