Annales des Mines (1905, série 10, volume 7) [Image 43]

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NOTE

SB-K

LA

RECONNAISSANCE

D'UN

NIVEAU

AQUIFÈRE

DANS LE

SUD-ORANAIS ET DANS

LE SUD-MAROCAIN

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effective de l'existence de ce niveau aquifère et même d'en mesurer approximativement le débit. 'Étant donnée l'importance capitale de l'eau dans ces régions désertiques, j'ai pensé qu'il était utile de faire connaître ces résultats et d'en tirer des conclusions pratiques, qui peuvent avoir, sur l'avenir de ces pays, une influence des plus heureuses. En conséquence, j'ai cherché à rédiger cette Note de façon qu'elle puisse servir de guide pour la recherche et l'aménagement de nouveaux points d'eau dans toute la partie de l'extrême Sud-Oranais et Marocain recouverte par le manteau des grès crétacés, ce qui représente une aire considérable. Il est inutile d'insister sur l'importance, au point de vue politique, du développement des oasis et de la création dé peints d'eau permanents, qu'utiliseront aussitôt les tribus, nomades, les plus difficiles à nous rallier. En multipliant les captages et l'aménagement du niveau aquifère que j'ai dénommé « des marnes vertes », on arrivera assez rapidement à le reconnaître et à le jalonner sur un grand nombre de points en déterminant son rendement. Il sera dès lors possible de délimiter les parties de ce niveau qui se prêteront, avec toutes chances; de succès, à des forages artésiens, à l'exemple de ce qui s'est fait, avec succès, dans l'oued Rhir, sous l'impulsion des travaux classiques de M. G. Rolland. Grâce aux analyses faites par M. Jules Lescaux, pharmacien-major de l'hôpital d'Ain Sefra. j'ai pu étudier,, concurremment avec leur régime souterrain, la composition d'un assez grand nombre d'échantillons d'eau provenant de la région. Je le remercie, ainsi que M. le Docteur Silice, Chef du service médical à Ain Sefra, du concours qu'ils m'ont apporté dans la préparation de mon étude.

GÉOLOGIE GÉNÉRALE DE LA RÉGION.

Dans les études sur la circulation souterraine des eaux, la stratigraphie générale joue un rôle capital : je ne puis donc me dispenser de rappeler — toutau moins dans leurs grandes lignes — les connaissances que nous possédons actuellement sur la géologie de la bordure saharienne. Le partage du Continent africain et la pénétration européenne qui en a été la conséquence a permis, en peu d'années, de, modifier profondément les notions que nous possédions sur la constitution du sol de ces régions, restées jusqu'alors à peu près impénétrables, tant par l'hostilité de leurs habitants que par les difficultés naturelles des déserts. On a encore enseigné aux hommes de ma génération que le Sahara était un ancien fond de mer desséché, constitué en majeure partie par des dunes interminables de sables, témoins évidents des anciennes plages maritimes. C'est à cette notion vulgaire que le projet de mer intérieure, rétablissant l'ancien équilibre, a dû sa fortune éphémère. Après que Fuchs en eut démontré l'inanité, la Mission transsaharienne confirma cette notion, et les premiers travaux publiés dans cette Revue par M. G. Rolland, en 1880 (*), démontrèrent que le bassin quaternaire de l'Oued Rhir, de Ouargla et du Çouf étaient constitués par des dépôts d'eau douce ou saumâtre. En outre, M. Rolland signalait, dès cette époque, l'existence de grès dévoniens entre Goléah et In-Salah, mais il pensait que le crétacé reposait directement sur le dévonien dans le Sahara septentrional. On ne signalait encore ni le jurassique, ni le carboniférien ni surtout les terrains archéens. (*) Annales des Minés, > série, t. XVIII (G. Rolland, Géologie et Hydrologie. Mission transsaharienne de Laghouat, El Goléah, Ouargla, Biskra, p. 152).