Annales des Mines (1904, série 10, volume 6) [Image 318]

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casser le tirant, et 4 personnes furent brûlées, dont 3 assez grièvement. Algérie. — L'étude qui précède a laissé de côté l'Algérie. La statistique n'y mentionne, de 1884 à 1903, qu'un accident de locomobile batteuse, grave d'ailleurs : un homme a été mortellement brûlé, le 12 mai 1886, à Saint-Louis (département d'Oran). Ce fut le résultat d'une fausse manoeuvre : le trou d'homme a été détamponné, alors que la locomobile n'était pas refroidie et était incomplètement vidée. Conclusions. — Les conclusions d'ordre technique qui se dégagent de cette longue énumération d'accidents n'ont rien de bien nouveau ; mais nous venons de voir se dérouler le tableau d'une situation qui mérite de fixer l'attention et qui appelle un remède. Les machines sont de plus en plus nécessaires à l'agriculture. Il est d'un intérêt considérable pour les cultivateurs français de pouvoir battre leurs récoltes économiquement et vite. La question est à la fois de servir cet intérêt et de le concilier avec la sécurité. La nécessité de cette conciliation est d'autant plus impérieuse que les batteuses fonctionnent souvent environnées de monde, travailleurs ou curieux. Nous avons rencontré ci-dessus de bizarres engins, des chaudières de forme surannée et critiquable. Sous ce rapport, l'avenir vaudra sans doute mieux que le passé : l'art de la construction a progressé et les vices de conception de certaines locomobiles anciennes ne se retrouveront pas dans les appareils plus jeunes. Mais, comme nous l'avons vu, ce n'est pas principalement par l'effet de leur construction défectueuse que les locomobiles ont péri. Beaucoup d'entre elles, dont le dessin laissait à désirer, ont fourni de longues carrières.

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C'est l'entretien et les conditions d'emploi qu'il importerait surtout de réformer. On n'est plus là sur le domaine du constructeur. Mentionnons cependant que celui-ci, pour réduire la fréquence des excès de pression, ferait bien de substituer à la vieille soupape de sûreté, chargée par l'intermédiaire d'un levier facile à surcharger ou à caler, un type bien choisi de soupape à grande levée, pressée directement par un ressort à l'abri du déréglage. Il est utile aussi, contre l'éventualité des manques d'eau, que des plombs fusibles soient disposés au ciel des foyers. Passons à ce qui dépend des usagers. Les locomobiles à vapeur qui fonctionnent dans nos campagnes sont, dans la grande majorité des cas, la propriété des entrepreneurs de battage : l'agriculteur n'a que rarement intérêt à posséder lui-même un engin qu'il n'utiliserait que pour une seule opération, car la machine à vapeur nécessite une mise en train trop coûteuse et trop longue pour les travaux accessoires et intermittents de la ferme. C'est donc des entrepreneurs de battage, principalement, que l'amélioration devrait venir. Il faudrait que ces industriels fussent mieux instruits des nécessités de l'entretien, plus soucieux des obligations que l'article 36 formule et qui ne sont d'ailleurs que la conséquence de leur devoir professionnel, moins regardants, pour les dépenses de réparation ; ils ne devraient pas prolonger outre mesure le service des locomobiles fatiguées par un long usage. S'ils sont dépourvus, par eux-mêmes, de capacités techniques, il leur faudrait recourir, aussi souvent qu'il est nécessaire, aux avis des hommes de l'art et les suivre. L'abondance des dépôts auxquels donnent lieu la plupart des eaux leur conseillerait de s'intéresser, plus qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent, aux appareils portatifs proposés pour l'épuration préalable(*). Ils devraient veiller eux-mêmes au (*) Cf. Max. RraoELMANH, le Matériel agricole, 14 e livraison de la Mécanique à VExposilion de 1900, p. 25.