Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 121]

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NOTICE SUR M. A. PARRAN

avec les usines avaient assuré le fonctionnement de l'entreprise, ce n'était que moyennant des prix fort bas. Cesminerais, qui devaient être livrés à 8 ou 9 francs, Parran connut plus tard des époques où on vint les lui demander à 20 francs. Les assurances sont parfois lourdes à porter,, et c'étaient de véritables assurances qu'on avait ainsi contractées. Aux difficultés purement industrielles, inhérentes aux débuts dé toute grande affaire, en pays neuf, dans desconditions semblables, s'ajoutaient celles venant de l'insalubrité. La sollicitude que tout chef d'industrie doit à son personnel était avivée chez Parran par sa nature bonneet tendre. Dans le but d'atténuer, sinon de supprimer, la principale cause à laquelle on attribuait l'insalubrité de la région, il finit par se décider, en 1877, à entreprendre, en tant que concessionnaire de l'Administration publique, mais aux frais exclusifs de sa société, le dessèchement du lac Fetzara. Ce lac était resté comme un vestige de la lagune quaternaire, alors alimentée par la Seybouse et ses affluents ; il en avait été isolé par la formation d'une dune de sable de 5 à 6 mètres de hauteur, fermant à l'Est la seule issue existant vers la mer. Le fond du lac est à 10 mètres au-dessus du niveau de la Méditerranée. Par là se trouvait constituée une vaste cuvette de 14.000 hectares de superficie où se rassemblaient sans écoulement possible toutes les eaux pluviales du bassin, qui s'évaporaient ensuite l'été en baissant de l m ,20. Lefond de la cuvette étant très plat, de grandes étendues étaient ainsi noyées et immergées et devenaient un foyerredoutable de fièvres paludéennes. En assurant l'écoulement permanent des eaux du lac, Parran a pu considérablement atténuer cet inconvénient. Outre l'exécution de ce travail, il s'était engagé envers l'Administration à planter en eucalyptus 2.000 hectares autour du lac. En dehors des effets, peut-être douteux, que ces plantations.

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peuvent avoir pour la salubrité, elles donnent en tous cas au paysage un grand charme, encore que mélancolique, avec la grâce un peu mièvre, mais si originale, de cette essence. Si l'habileté et les efforts déployés en Algérie trouvaient leur rémunération immédiate dans les bénéfices de l'exploitation, qui devaient promptement devenir considérables, il ne pouvait en être de même pour les houillères du Gard. Les actionnaires de Mokta pourront être un jour récompensés de leur persévérance à y travailler; pour le passé, en tout cas, il eût été pour eux préférable de ne pas avoir ces mines. On ne doit pas, il est vrai, apprécier de pareilles questions avec des vues d'utilitarisme si étroit. Il faut, au contraire, louer une société de faire œuvre, pourrait-on dire, de « solidarité minière », suivant le langage à la mode; de payer la rançon de ses bénéfices, en consacrant une partie du gain réalisé sur des gîtes très rémunérateurs à la recherche et à l'exploitation de gîtes encore problématiques. C'est ce que Parran .a su parfaitement comprendre. Il a eu autant de soins pour ces houillères que pour ses gites de minerais de fer, et le public a, en somme, profité des quelque 100.000 tonnes de houille qui ont été ainsi versées annuellement dans la circulation. Pour pouvoir exploiter l'une de ces mines, celle de Cessous et Trébiau, située dans une région abrupte et inabordable du Rouvergue, tout à l'extrémité Nord du bassin houiller d'Alais, Parran avait dû construire un autre chemin de fer, à voie de 0 m , 80, à traction de locomotives, qui ne laissait pas également de présenter un intérêt particulier, tant par sa longueur souterraine dans la mine que par le viaduc de 51 mètres de hauteur et 171 mètres de longueur qu'il avait nécessité sur la profonde rivière de l'Oguégne pour trouver à la Jasse un embranchement à voie normale sur le P.-L.-M. Nous sommes aujourd'hui très familiarisés avec ces chemins de fer à voie étroite,