Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 36]

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RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

au cours de l'année 1902 a atteint presque le triple de celle de l'année 1901, on doit craindre que l'offre ne dépasse rapidement la demande et que les cours ne viennent à s'abaisser de nouveau (*). Cependant, l'oxyde de cobalt ayant des débouchés réguliers, quoique modestes comme quantité totale, au prix que nous venons d'indiquer, il paraît vraisemblable que les cours du minerai en Nouvelle-Calédonie doivent, non sans subir encore des oscillations passagères, se maintenir, sinon aux chiffres actuels, du moins à des chiffres largement rémunérateurs pour les exploitants, et doivent leur permettre d'utiliser d'une façon durable et permanente non seulement les amas particulièrement riches, mais encore des gîtes plus pauvres. Le minerai de cobalt est aujourd'hui exporté uniquement à l'état cru : il a été autrefois, tout comme le minerai de nickel, l'objet d'une tentative de traitement sur place ; nous avons déjà mentionné les essais faits entre 1880 et 1884 à l'usine de la pointe Chaleix, soit pour obtenir des mattes de cobalt uniquement, soit pour obtenir des mattes mixtes tenant à la fois nickel et cobalt ; les premiers essais, qui étaient très justifiés du moment que l'on avait installé une usine de fusion, ont eu le même sort que ceux pour la fusion du nickel ; les seconds, qui consistaient à réunir les deux métaux dont la nature avait commencé la séparation, paraissent peu rationnels ; ils le seraient d'autant moins aujourd'hui que le nickel doit pouvoir être produit par des opérations métallurgiques dont le prix de revient ne soit pas trop élevé, et non pas à la suite de séparations chimiques délicates et onéreuses. D'autre part, en 1891-1892, la Société le Cobalt avait fondé près de Nouméa une usine (*) C'est ce qui s'est déjà produit dans une large mesure d'après les derniers renseignements que nous avons reçus.

MINERAIS ASSOCIÉS A LA FORMATION DES SERPENTINES

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destinée au traitement des minerais pauvres de cobalt par un procédé assez complexe qui a, croyons-nous, subi plusieurs variantes; on a, en particulier, essayé la fusion des minerais de cobalt avec des pyrites cuivreuses comme fondant pour obtenir des mattes riches à la fois en cobalt ét en cuivre. Après avoir donné lieu à l'exportation de quelque deux cents tonnes seulement de mattes, dont la teneur aurait atteint jusqu'à 20 p. 100 de cobalt, et qui auraient été d'une valeur de 3.500 francs la tonne, cette tentative a échoué. Sans vouloir condamner le principe de ces essais, qui pourraient peut-être être repris utilement le jour où l'on aurait monté dans la colonie une usine de fusion du nickel, nous ferons remarquer que la fusion sur place est beaucoup moins indiquée pour les minerais de cobalt que pour ceux de nickel, pour diverses raisons. D'une part, le minerai de richesse moyenne valant actuellement 6 fois . plus que le minerai de nickel, et étant destiné à valoir vraisemblablement toujours au moins quatre ou cinq fois plus, subit du fait des frais de transport en Europe une charge relative beaucoup moins considérable. D'autre part, il est susceptible d'un enrichissement par lavage, imparfait et d'un faible rendement, nous le reconnaissons, mais enfin cependant utile, que ne supporterait pas le minerai de nickel. Enfin, la teneur à laquelle le cobalt est exporté est, beaucoup plus que pour le nickel, voisine de la teneur à laquelle les opérations métallurgiques deviennent d'un rendement par trop faible; le traitement sur place permettrait donc moins facilement l'abaissement de la teneur limite du minerai. Nous pensons donc que le minerai de cobalt sera encore longtemps exporté brut en Europe ; et cela ne crée pas à l'exploitation de ce minerai une charge qu'il serait essentiel de voir disparaître à bref délai comme pour le nickel. Tome V, 1904.

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