Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 12]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

16

NOTICE

SDR

M.

E.

LAMÉ

FLEDRY NOTICE

sentiments lors de sa mise à la retraite que celle-ci n'avait pas laissé d'être considérée comme peu justifiée, d'aucuns ont dit comme inique. Il n'y a pas d'âge pour la mise à la retraite d'office des Conseillers d'Etat. Lamé Fleury, malgré ses soixante-douze ans, étaitd'une vigueur physique et intellectuelle que certains de ses collègues pouvaient lui envier et qu'il allait montrer en travaillant huit ans encore. Les longs et brillants services qu'il avait rendus à la chose publique l'autorisaient à espérer un autre traitement. La politique a parfois des raisons que la raison ignore. Lamé Fleury se remit exclusivement à ses chères études sans vouloir d'aucune de ces consolations administratives auxquelles il pouvait passer pour avoir spécialement droit. Il se retira en disant avec le sage : Le bruit est pour le fat, la plainte pour le sot ; L'honnête homme éconduit s'éloigne et ne dit mot.

Ce fut alors qu'il était Conseiller d'État et à raison de sa compétence spéciale en matière de mines que Lamé Fleury fut appelé, à la fin de 1884, par Félix Faure, alors Sous-Secrétaire d'État aux Colonies, à présider une Commission chargée de proposer un projet de règlement pour les mines en Annam et au Tonkim Nous avons eu l'honneur de participer aux travaux de cette Commission, dans laquelle siégeaient, avec nos collègues Edmond Fuchs et Edmond Boutan, d'autres coloniaux de la première heure. Il nous souvient du premier étonnement de notre Président lorsqu'il vit proposer à la Commission et celle-ci accepter qu'on écartât résolument pour notre Colonie le régime métropolitain de 1810 et qu'on prît de préférence le type de la réglementation des pays neufs et des Colonies anglo-saxonnes. Lamé Fleury se ressaisit vite, et il tint à rédiger lui-même le rapport à l'appui du projet, qui parurent tous deux dans le Journal officiel du 6 décembre 1884. Ce n'était à cette heure qu'un

SDR

M.

E.

LAMÉ

17

FLEDRY

document à consulter ; la part que nous avons prisé à sa préparation nous gêne pour en dire le bien que nous en pensons. Nous pouvons toujours constater que les principes essentiels de ce règlement, à coup sûr très neuf dans notre pratique française, ont passé depuis dans la plupart des règlements sur les mines de nos diverses Colonies ; et, en ce qui concerne plus spécialement l'IndoChine, les règlements successivement rendus en 1888 et 1897 ont même tenu compte des critiques fondées que Lamé Fleury, dans son rapport, avait présentées contre le texte adopté par la Commission, notamment en ce qui concerne l'élévation des impôts qu'elle avait proposés. Des occupations administratives comme celles que nous venons de suivre auraient suffi à remplir la vie de beaucoup. Ces occupations, si absorbantes qu'elles aient pu être à certaines époques, n'ont jamais cependant distrait Lamé Fleury de son travail de publiciste, pour lequel . il a toujours su trouver le temps nécessaire, quelque soin qu'il mît à le remplir. Il fallait sa puissance, sa facilité et surtout sa continuité de production pour faire face à une telle tâche. On en jugera en passant en revue son œuvre vraiment énorme en cette matière. En 1856-1857, il publiait son premier ouvrage en deux gros volumes in-8° (*) : le Recueil, à partir de 1791 , de tous les documents, lois, décrets, arrêtés et circulaires relatifs à toutes les branches du Service des ingénieurs des Mines, Service à cette époque beaucoup moins occupé en fait, mais plus divers et plus étendu en droit qu'aujourd'hui, parcequ'aux mines s'ajoutaient les usines miné(*) Recueil méthodique et chronologique des Lois, Décrets, Ordonnances, Arrêtés, Circulaires, etc., concernant le Service des Ingénieurs au Corps impérial des mines, dressé par M. LAMÉ FLEURY , ingénieur des mines, et publié par ordre de S. Exc. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. 2 vol. grand in-8°, Paris, Imprimerie impériale, 1856-1857. Tome V, 1904.

2