Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 9]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

10

NOTICE SUR M. E. LAMÉ FLEURY

11 ne devint titulaire que lorsque de Villeneuve, en 1862, abandonna définitivement l'Administration. Son successeur était à coup sûr parfaitement qualifié pour la législation et l'économie industrielle. Son lot continuait à comprendre l'agriculture ; la conscience qu'il mit de tout temps à l'accomplissement de tous ses devoirs ne lui permettait pas d'en supprimer les leçons, comme de Villeneuve le faisait parfois pour celles de législation ; il s'exécuta, tout en étant le premier, dit-on, à proclamer son incompétence avec cette liberté d'esprit et de parole qu'il eut toujours. Dès 1864, heureusement pour tous, les leçons d'agriculture furent constituées en cours distinct confié à Delesse, et Lamé Fleury resta exclusivement dans ce domaine qu'il connaissait si bien de la Législation et Économie industrielle. Lorsqu'en 1868 il fut nommé Secrétaire du Conseil général des Mines, il aurait désiré cumuler ces fonctions avec ses leçons à l'École ; et il semblait que cette association d'attributions dût être éminemment profitable pour ce double service. Le Conseil et la direction de l'École en étaient tellement convaincus qu'ils intervinrent d'une façon pressante dans ce sens auprès de l'Administration supérieure, et avec les idées que nous avons aujourd'hui nous ne comprenons pas comment on ait hésité. De Boureuille, qui gouvernait alors le Corps des Mines, ne voulut rion entendre, et Lamé Fleury dut se restreindre au Secrétariat du Conseil. Il y apportait les qualités les plus précieuses : une connaissance spécialement approfondie du droit et de la jurisprudence des mines, une facilité et une clarté de rédaction remarquables. Les événements de 1870 trouvèrent Lamé Fleury à Paris, où il devait rester pendant le siège. En octobre 1870, il fut désigné pour faire fonctions, comme Conseiller d'État, de la Commission provisoire qui avait été chargée de remplacer le Conseil d'État depuis le 19 septembre 1 870.

NOTICE SUR M. E. LAMÉ FLEURY

11

On sait les services rendus par cette Commission, dont Lamé Fleury fit partie jusqu'à sa disparition en 1872, pour être remplacée par le Conseil d'État réorganisé. Le Conseil général des Mines avait recommencé à siéger en avril 1871, et Lamé Fleury y avait repris ses fonctions de Secrétaire. Il occupait encore cette situation lorsque M. Christophle, nommé ministre des Travaux publics en 1876, donna à la haute administration de ce ministère cette forte constitution que l'on n'avait jamais vue dans le passé et qui, du reste, ne devait pas durer. Depuis vingt ans, l'Administration centrale des Travaux publics s'était résumée dans les deux personnalités de de Boureuille et de de Franqueville. Pour les remplacer, on crut devoir créer cinq directeurs ; une de ces Directions, qui ne comprenait exclusivement que les mines, fut confiée à Lamé Fleury, le 25 octobre 1876. Dans le siècle bientôt écoulé depuis que notre régime des mines a été constitué en 1810, ce devait être, hors d'une courte tentative avec de Boureuille en 1853-1855, la seule période, du reste assez courte, puisqu'elle se termina en juillet 1879, pendant laquelle le service des Mines estressorti à une Direction indépendante dans le Ministère des Travaux publics. Il n'y a là rien qui doive étonner. Pour spéciales, quant à leur nature, que soient les choses des mines, elles ne sont pas assez considérables ni assez étendues en France pour justifier une Direction particulière d'un Ministère ; et avec notre régime légal, qui fait de la mine une propriété de droit commun soumise simplement à une surveillance administrative, le Service des Mines serait, semble-t-il, rattaché plus logiquement à la Direction du Travail et de l'Industrie, qui s'occupe pour toutes les autres professions de questions analogues. Pour haufplacé que soit un Directeur, quelque influence qu'il puisse avoir dans la conduite des affaires rentrant dans sa compétence administrative, il n'en est pas moins