Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 293]

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NOTICE SUR EDOUARD CUMENGE

nombreux, quilui gardent un souvenir reconnaissant, auront plaisir à trouver ici, rapidement retracés, les traits principaux de sa vie. Edouard Cumenge était né à Castres (Tarn), le 16 avril 1828. Passionné dès son enfance pour les voyages, il songea d'abord au moyen le plus naturel de satisfaire ce goût dominant, auquel sa carrière d'ingénieur explorateur devait donner plus tard des facilités de réalisation si complètes. Il se prépara à l'École Navale et y fut reçu dans un bon rang, avec une dispense d'âge, à quatorze ans. Ses parents ayant obtenu de lui qu'il donnât sa démission, il passa du lycée de Castres à Paris et entra à l'École Polytechnique, le 1 er novembre 1845. Il en sortit dans les premiers et choisit le Corps des Mines, toujours particulièrement désiré par ceux des polytechniciens, que séduisent, en dehors de toute autre considération, l'initiative précoce, les explorations de pays lointains et les libres recherches scientifiques. Le temps qu'il passa à l'École des Mines correspond à une époque troublée de notre histoire. Il venait d'y entrer, quand éclata la Révolution de 1848. Cumenge prit part comme sergent à la défense de l'Hôtel de Ville. Sorti de l'Ecole le premier, avant son ami Parran dont la mort devait suivre de si près la sienne, il fut, comme ingénieur ordinaire, attaché au Bureau d'Essais de l'École des Mines, le 28 janvier 1851. Dès l'année suivante, le 11 mars 1852, il se faisait mettre en congé illimité, et c'est dans cette situation qu'il a continué toute sa carrière. Son mariage avec la fille d'un grand industriel de Paris, M. Guibal, un des promoteurs de l'industrie du caoutchouc, avait amené son entrée dans l'industrie de son beau-père ; il y resta jusqu'en 1873, et c'est à ce moment seulement, c'est-à-dire à quarante-cinq ans, que, s'étant trouvé libre par suite de nouveaux arrange-

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ments de famille, il reprit activement les études minières, auxquelles il n'avait jamais cessé de s'intéresser de loin. En qualité d'ingénieur-conseil, il fit alors une série de voyages dans les pays les plus divers : en Espagne, en Italie, en Grèce, au Vénézuéla, en Colombie, aux ÉtatsUnis, au Mexique, etc. Beaucoup de ces voyages furent faits avec Ed. Fuchs, en collaboration duquel il avait entrepris un grand ouvrage sur l'or. Son activité physique était restée telle jusque dans la vieillesse qu'on le vit encore, en 1897, aller au ïransvaal avec l'intention d'y entreprendre une étude de mines, arriver au moment où le trop fameux raid Jameson, qui amena l'incarcération momentanée des principaux directeurs de Mines, rendait tout examen sérieux impossible, le reconnaître aussitôt avec un sens pratique et une décision qu'appréciaient en lui les Américains et revenir en Europe par le bateau suivant. Parmi les publications scientifiques de cette période de sa vie, que l'on trouvera énumérées plus loin, quelquesunes sont relatives à de nouvelles espèces minérales qu'il avait rencontrées dans les gisements visités : un sulfoantimoniure de cuivre, la Guejarite, trouvé dans le district de Guejar de la Sierra Nevada; la Boléite et la Cumengite du Boleo, étudiées sur ses échantillons par Mallard; un minerai d'urane, la Carnotite, venant de Montrose (Colorado), dont- l'examen fut fait par Friedel(*). Des mémoires plus importants furent consacrés à trois gisements qu'il avait spécialement étudiés : l'amas cuivreux de Rio-Tinto, les bitumes de la Trinidad et les gîtes cuivreux du Boleo en Basse-Californie. Son mémoire sur la Trinidad forme une monographie complète de cette île curieuse et de son industrie ; il y (*) Ce vanadate d'urane contenait un peu de mélaux radiants et était accompagné do chessylite.