Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 234]

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RICHESSES

MINÉRALES

DE

LA

NOUVELLE-CALÉDONIE

solubles dans les conditions spéciales du milieu, et départ des autres, puis altération mécanique des roches ainsi transformées, et transport à plus ou moins grande distancé des éléments détritiques qui en résultaient. Dans cette série d'actions successives, le nickel, dont les sels sont, comme on le sait, généralement solubles, et qui manifeste par tous les caractères de ses gisements une connexité très grande avec la magnésie, du moins dans les conditions spéciales qui ont été réalisées en Nouvelle-Calédonie, a été entraîné avec la magnésie et s'est déposé avec elle sous forme d'hydrosilicates magnésiens nickelifères : là cependant une différenciation a commencé à se faire entre les deux métaux, le nickel s'étant montré plus prompt à se précipiter et ayant ainsi donné lieu à des formations dans lesquelles le rapport entre la quantité de nickel et celle de magnésie est infiniment plus élevé que dans les péridotites. Quant au lieu même où il s'est déposé, tantôt cela paraît être dans les fissures mêmes des péridotites qui s'altéraient, et c'est ce qui a donné lieu à ces « serpentines damier » qui rappellent beaucoup comme constitution les serpentines à cloisonnement de quartz que nous avons mentionnées comme constituant le premier stade de la décomposition des péridotites ; tantôt ce ne serait que dans des fissures plus importantes d'un massif voisin d'une péridotite restée plus fraîche, c'est-à-dire dans des cassures de retrait plus ou moins parallèles entre elles, quoique traversées par un réseau de cassures transversales (type des minerais du Plateau de Thio), ou même dans des fractures d'allure presque filonienne, dues à un effet mécanique plus important avec glissement des deux lèvres de la cassure l'une sur l'autre et formation de plans de glissement que le nickel est venu ensuite comme vernir pour former des « glacis » verts; ailleurs les solutions nickelifères auraient simplement imbibé des

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MINES

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NICKEL

masses plus ou moins terreuses qui recouvraient le sol. Ajoutons d'ailleurs que ces actions, qui ont sans doute dû être très prolongées pour produire des effets de l'importance de ceux que nous constatons, et qui remontent peutêtre à une époque géologique antérieure à la nôtre, sont vraisemblablement encore actuelles. Il est aisé d'ailleurs de se rendre compte de leur possibilité en parcourant les seules galeries souterraines encore accessibles, celles de la mine Bien-Venue, où l'on voit, comme dans toute mine métallique, des eaux légèrement minéralisées suinter des parois et, en s'écoulant goutte à goutte, former des dépôts stalactiformes de garniérite tout à fait identiques à ceux que l'on trouve en abondance dans des cheminées où on ne les a pas vus se former. Rappelons enfin que M. Pelatan a recueilli des coléoptères transformés en minerai vert de nickel, qui appartiennent probablement à des formes encore vivantes, « empâtés dans des dépôts contemporains provenant d'une redissolution du minerai (*) » . Enfin des minerais terreux et argileux comme nous en avons signalé, et qui doivent leur teneur en nickel à la multitude des débris de garniérite qu'ils contiennent, tirent évidemment leur origine du remaniement des parties superficielles des gîtes formés comme nous l'avons dit. Les minerais de nickel de la Nouvelle-Calédonie sont donc, à notre sens, de formation purement superficielle ; il faudrait dès lors, comme l'expérience l'a constamment montré depuis 25 ans, compter les voir tous ne présenter que peu de développement en profondeur. Mais, inversement, l'identité des actions superficielles qui se reproduisent sur les différents massifs de péridotite tous plus ou moins (*) David LEVÂT, Mémoire sur les progrès de la métallurgie du nickel t sur les récentes applications de ce métal. {Annales des Mines, 9« série

  • • I, p. 145; 1892.)

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Tome

IV,

1903.

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