Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 90]

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Et cependant Lory croyait à la possibilité de la transformation, par métamorphisme régional, de toute une série sédimentaire d'âge quelconque. Il y croyait si bien qu'il n'a jamais varié d'opinion sur les Schistes lustrés, — ce sera, je crois bien, plus tard, son principal titre à une longue survie dans la mémoire des hommes, — et qu'il a toujours tenu ces schistes pour un faciès métamorphique du Trias supérieur. Il refusait ainsi au Permien et au Houiller des Alpes ce qu'il accordait volontiers au Trias de la même région. Ce serait le cas de retourner contre lui la phrase si dure que je citais tout à l'heure et qu'il appliquait lui-même à Lâchât : « Ces doctrines sont tou« jours des conséquences de cette méthode stratigraphique (( incomplète, qui a fait regarder les grès houillers île « Saint-Michel comme superposés régulièrement au Lias « des Encombres. » Mais les meilleurs esprits ont leurs lacunes ; et la stratigraphie alpine est trop passionnante, en même temps que trop difficile, pour qu'il no faille pas pardonner aux maîtres qu'elle a su dérouter et décevoir, non seulement leurs erreurs, mais aussi leur entêtement à garder quand même des opinions évidemment erronées. Jusqu'en 1888, toutes les cartes géologiques d'ensemble des Alpes occidentales ont été dessinées conformément aux idées et d'après les minutes de Lory. En 1888, — Loit était mort depuis quelques mois, — parut, à Rome, le beau mémoire de M. Zaccagna : Sulla geologia delk Alpi occidentali. Et brusquement, la question des sédiments métamorphiques des Alpes se retrouve à l'ordre du jour. L'éminent géologue italien établit péremptoirement l'existence du Permien métamorphique dans les Alpes maritimes ; il le suit, en France, dans la haute vallée de l'Ubaye, et assimile à ce Permien métamorphique les schistes micacés et feldspathiques de Modane, et ceux de Bozel en Tarentaise. Ces roches métamorphiques d'âge permien sont appelées par lui ape/ininttes,

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ou Suretta-gneiss, ou encore hésimaudites. Mais M. Zaccagna se refuse à englober dans le Permien métamorphique les micaschistes et les gneiss de la Vanoise, qu'il considère, à la suite de Lory, comme prépaléozoïques. Et, tandis que Lory, depuis 1860, attribuait au Trias supérieur, malgré leur très réel métamorphisme, les Schistes lustrés, ou Schistes calcaréo-talqueux de la Maurienne, de la Tarentaise et du Piémont, M. Zaccagna s'attache à prouver que les Schistes lustrés sont, eux aussi, prépaléozoïques, comme les gneiss de la Vanoise, et comme les gneiss et les roches vertes des vallées italiennes. Dans une très courte et très modeste note publiée, en 1890, au tome IV du Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Savoie, Lâchât, qui venait de lire le mémoire de M. Zaccagna, revendiqua la priorité pour l'attribution au Permien métamorphique des roches cristallines de Modane. En ce qui concernait les Schistes lustrés, il était resté de l'avis de Lory et les tenait pour triasiques. A cette époque, — 1890, — tous les autres géologues français qui s'occupaient des Alpes avaient adopté, sur cette question des Schistes lustrés, l'opinion de M. Zaccagna. On sait la suite, et comment les études de détail ont montré l'énorme extension du Permo-carbonifère à faciès métamorphique, tout en confirmant l'opinion de Lory sur lâge mésozoïque des Schistes lustrés. Ce ne sont plus seulement les schistes feldspathi ques et chloriteux de Modane et de Bozel, qui sont permiens ou houillers : ce sont encore les gneiss, les micaschistes et les glaucoPhanites de la Vanoise et du massif d'Ambin ; et encore le s micaschistes du Mont-Pourri, du Rutor, du ValGrisanche; et aussi les gneiss du Grand-Paradis ; el même, suivant toute vraisemblance, les gneiss du er yin et du Mont-Rose, les gneiss du Simplon et les gneiss du Tessin. A partir d'une ligne qùe j'ai définie