Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 87]

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NOTICE SUR HIPI'OLYTE LACHAT

des Mines de Liège, d'où il était sorti, en 1856, le premier de sa promotion, après avoir perdu deux années complètes en raison du mauvais état de sa santé. Créé Ingénieur des Mines par décret du roi des Belges, et désirant, d'ailleurs, revenir le plus tôt possible en Savoie, il accepta la direction d'une mine de cuivre à Valpeline, dans la vallée d'Aoste. C'est là qu'il prit contact avec les Alpes, et qu'il commença de s'intéresser à leur structure: il ne devait plus abandonner cette étude, et l'amour de la montagne allait être, désormais, la passion maîtresse de sa vie. Son stage à Valpeline ne dura que quelques mois. En 1857, il fut nommé, à la résidence de Chambéry, Ingénieur des Mines du gouvernement sarde. L'année suivante, il organisa, à l'Exposition de Turin, une collection minéralogique complète de la Savoie. Le rapport sur cette exposition, présenté par le professeur Bonjean, valut aux mines savoisiennes une médaille d'or. Deux ans après, la Savoie devint française, et Lâchât, dont les sympathies étaient depuis longtemps acquises à la France, entra dans notre Corps des Mines avec le grade d'ingénieur ordinaire. Il resta à Chambéry jusqu'en 1865, partageant ses loisirs entre des observations géologiques et des recherches de pure minéralogie. Puis il passa quatre années au SanSalvador, où l'avait appelé la direction d'un groupe dj mines métalliques. Rentré en France dans le courant OJ 1869, il reprit le service d'ingénieur ordinaire, d'abord à Avignon, puis à Privas. Nommé ingénieur en cbel en 1871), il fut d'abord envoyé à Rouen, en attendant que le poste de Chambérj-, le seul qu'il désirât, devint vacant. La vacance se produisit en 1881, et Lâchât se hâta o& quitter, pour ses chères Alpes, la Normandie, qui lui semblait un lointain exil. De 1881 à 1891 , il est ingénieur en chef à Chambéry'

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C'est la plus belle partie, la partie tout heureuse, et qui aurait pu être brillante, de cette vie simple, aisément satisfaite, et volontairement silencieuse. Il est vraiment chez lui, dans son pays natal, dans son milieu. Il vit entouré de l'affection et du respect de ses concitoyens. Quand il est assis à sa table de travail, il ne peut lever les yeux sans voir, au-dessus des toits d'ardoise de la petite ville, et au-dessus de la jolie campagne chambérienne, les Alpes se dresser, familières. Et les Alpes le suivent dans sa lente promenade, dans sa récréation, minutieusement réglée, de cénobite. Il sait d'avance quels sommets il apercevra lorsque, dans quelques instants, il tournera le coin de la rue ou atteindra le bord de l'esplanade : et c'est, entre les sommets et lui, comme une incessante conversation. Les Alpes savoisiennes sont à lui. Il les connaît et les aime. Lui-même, il se considère un peu comme le berger de ce troupeau moutonnant de cimes : et c'est, en effet, à un pâtre de la haute montagne qu'il fait invinciblement songer, avec sa carrure athlétique et son air timide, avec la franchise, la simplicité et la bonhomie répandues sur toute sa personne, avec ce regard incroyablement clair, facilement malicieux et facilement e niu,le regard resté je une de ceux qui ont longtemps vécu dans les solitudes alpestres. En 1861, au mois de septembre, — il n'avait alors que trente-deux ans, —■ Lâchât vint à Saint-Jean-de-Maurienne, Pour prendre part à la réunion extraordinaire de la Société écologique de France (*). Présidée par Studer, la réunion ctait conduite, en fait, et dominée de haut, par Charles r ~* y, déjà célèbre. Parmi les membres, on remarquait Alphonse Favre, Hébert, de Rouville, l'abbé Vallet, wuner, Baudinot, de Mortillet, Pillet, Triger. Les deux p

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l i Bulletin de la Soviété géologique de France, 2" série, t. XV1I1, et suiv.