Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 88]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

NOTICE SUR HIPPOLYTE LACHAT

170

NOTICE SUR HIPPOLYTE LACHAT

premières journées furent consacrées à des promenades à l'Echaillon, à la Chambre, à Montricher, à Pas-du-Roc. Au cours de la visite aux schistes cristallins de l'Echaillon, Lâchât eut l'occasion de s'expliquer sur l'orientation des assises cristallines. Favre ayant déclaré que, pour scn propre compte, il en était venu à attacher peu d'importance aux directions locales des couches, Lâchât répondit que, « dans les chaînes centrales des Alpes, formées de « terrains métamorphiques, les directions sont, au cori« traire, très constantes ». Dans cette première discussion, il ne semble pas que Lory ait donné son opinion: mais, jusqu'à la fin de sa carrière, je crois bien qu'il a gardé, vis-à-vis de l'allure des assises cristallines, un peu de l'indifférence de Favre. Nous savons aujourd'hui que, sur ce premier point déjà, c'est Lâchât qui voyait juste. Partout où les plis sont faiblement déversés, — et c'est le cas des chaînes gneissiques de Belledonne. des Grandes-Rousses, du Pelvoux et du Mont-Blanc, — l'allure des couches est, sinon constante, du moins remarquablement ordonnée, et c'est en étudiant cette allure que l'on reconstitue les plis, et que l'on voit s'avérer des plissements d'âges divers, les uns plus anciens que le Houiller, d'autres compris entre le Lias et le Nuninit!' litique, d'autres enfin postérieurs à l'Eocène. A la fin de la deuxième journée d'excursions, l'accord s'était fait, entre tous les membres de la Société, sur trois questions fondamentales : l'existence du terrain nummulitique. et la vraisemblance du rattachement, à c e terrain, de tout un vaste sj'stème de grès et de schisteardoisiers ; la présence en Maurienne de l'Infralias ' Avicula contorta, récemment signalé par l'abbé Vallet; l'existence du terrain houiller, auquel, disait Studer, « 0,1 « ne peut plus se refuser à rapporter les grès à anthr^ « cite ». L'objection (pie l'on avait jusqu'alors oppo see au classement des grès à anthracite dans le HouiH el

171

était tirée de la superposition apparente de ces grès au Lias du massif des Encombres. « Or, ajoutait Studer, les « observations faites par la Société démontrent que les « couches liasiques les plus voisines des grès à anthra« cite sont, en réalité, les plus inférieures de tout le ■ système, les couches à Avicula contorta. Le Lias des « Encombres est donc replié et renversé sur lui-même. » Je cite cotte phrase de Studer, à laquelle il n'y aurait pas aujourd'hui un seul mot à changer, afin de rappeler, en passant, de quel poids a été, dans la longue controverse sur le Houiller des Alpes, la découverte de l'abbé Vallet. La discussion recommença le 4 septembre, au cours d'une promenade entre Saint-Michel et Modane, quand on vint à visiter les roches feldspathiques et chloriteuses de la rive droite de l'Arc, à l'Est du pont de Saint-André. Lory et Pillet tenaient ces roches pour antérieures au terrain houiller : ils les regardaient comme représentant les terrains cristallins anciens — ce qu'on appelait alors le terrain primitif, — et comme formant la base sur laquelle s'était effectué régulièrement le dépôt des grès à anthracite. Lâchât s'éleva vivement contre cette manière de voir, et fit remarquer qu'il n'y avait, entre le Houiller indubitable et les roches métamorphiques en question, aucune démarcation précise ; que les prétendus gneiss de Modane montraient encore des traces indéniables d'origine détritique ; que l'argument tiré de la superposition du Houiller indubitable aux roches métamorphiques ne prouvait absolument rien, après l'exemple du col des Encombres, el que, d'ailleurs, entre Saint-André et Modane, la pluPart des assises sont sensiblement verticales ; qu'enfin, loin d'être limitées, comme le soutenait Lory, à un étroit pointement, voisin du fond de la vallée, les roches métamorphiques de Modane se continuaient vers le Nord, vers le col de Chavière et vers les glaciers de la Vanoise. Il