Annales des Mines (1902, série 10, volume 2) [Image 183]

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REVUE DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES

éprouvettes d'assez grande dimension. En outre, si la rupture est faite sous le même mouton, toutes les éprouvettes n'exigent pas la même hauteur de chute, de sorte que les résultats des diverses expériences ne sont pas rigoureusement comparables : l'expérience montre, en effet, que la rupture ne demande pas toujours le même ■ nombre de kilogrammètres (mesuré par le produit du poids du mouton par la hauteur de chute) quand on emploie un mouton léger ou un mouton lourd, tombant de hauteurs différentes. On en conclut qu'il serait désirable de toujours faire tomber le même mouton de la même hauteur; en outre, il faut rompre l'éprouvette en un seul coup, afin de ne pas modifier le métal par l'écrouissage qui résulte de coups successifs ; mais alors le travail disponible sera toujours trop fort, et il parait à première vue difficile de différencier les éprouvettes. Au point de vue des réceptions pratiques, on pourrait fixer le poids et la hauteur de chute de telle sorte que la rupture ne devrait pas se produire pour les métaux acceptables, ceux qui rompraient étant rebutés : on aurait là un mode de classement extrêmement simple, qui sera peut-être employé un jour; mais, actuellement, la question des essais par choc sur barreaux entaillés n'est pas suffisamment élucidée, sans conteste, pour qu'il soit facile de déterminer convenablement les poids et hauteurs à admettre pour les diverses qualités de métal. On pourrait aussi appliquer le principe de la méthode de M. Barba, en faisant des essais successifs sur une éprouvette munie d'une série d'entailles réservant des sections croissantes. Mais un procédé bien plus simple et fort ingénieux consiste à mesurer la force vive restante du mouton après la rupture de la barrette d'essai : on connaît alors, par différence, le nombre des kilogrammètres absorbés par la rupture. M. Frémont a construit un mouton disposé ii cet

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effet (*), mouton dont il avait indiqué le principe dans une communication à l'Académie des Sciences le 4 octobre 1897 : après rupture de l'éprouvette, le mouton tombe sur un chapeau supporté par deux ressorts à boudin qu'il comprime d'une quantité mesurée. Le même principe se retrouve dans un mouton employé à Vienne par M. Ast, et décrit dans le mémoire cité un peu plus haut de MM. Ast et Barba (p. 36); dans un mouton installé au laboratoire d'essais du matériel et de la traction de la Compagnie des chemins de fer de l'Est, mouton qui a servi à des expériences de MM. Le Blant et Barba. Un autre moyen de mesurer la force vive restante est appliqué dans le mouton-pendule , qui tourne comme un pendule autour d'un axe horizontal. L'éprouvette, placée à la partie inférieure de la course, reçoit horizontalement le choc du mouton partant d'une hauteur déterminée, et remontant ensuite jusqu'à une hauteur qu'on mesure. M. Bent Russell a fait une communication à la Société des ingénieurs civils américains, le 5 janvier 1898, sur des essais effectués à l'aide de cet appareil. En France, il a été employé par M. Charpy(**). Mais, si les divers expérimentateurs sont, en général, d'accord sur l'intérêt de produire la rupture en un seul coup de mouton, cet accord n'existe plus en ce qui concerne les dimensions de l'éprouvette, la manière de la frapper et surtout la forme à donner à l'entaille. Le barreau d'essai peut être posé sur deux appuis, l'entaille au milieu, dans la section frappée par le mouton, ou bien encastré dans la section entaillée, et frappé en porteà-faux. 1*) Voir Essai des métaux par pliage de barrettes entaillées, par M- Frémont, dans le Bulletin de la Société d'Encouragement pour Vindustrie nationale, septembre 1901, p. 372. (**) Mémoires et Comptes Rendus des travaux de la Société des ingénieurs civils, juin 1901, p. 848.