Annales des Mines (1902, série 10, volume 2) [Image 19]

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ÉTUDE

SUR

LES

FEUX

DES

MINES

DE

HOUILLE

ber en arrière de celui-ci, dont l'axe se trouve par ce fait déplacé d'une petite quantité. Ce barrage mobile, se trouvant ainsi continuellement enlevé à l'avant pour être reformé en arrière a'b'c', chemine peu à peu, à la façon d'une dune, vers la partie à reconquérir. On éteint en avançant le charbon incandescent sur tout le pourtour et à la sole de la galerie, et l'on reconstitue le boisage au fur et à mesure.

FIG. 4.

Ce système de reprise de galeries au feu s'opère en toute sûreté, car l'on est toujours séparé de la partie en flammes, et l'on peut régler à peu près à volonté les dégagement de fumée. Il permet d'atteindre et de soutenir le sommet des cloches élevées en faisant varier en conséquence la hauteur de la sole provisoire. Il ne nécessite qu'un courant d'air établi dans des conditions suffisantes pour chasser les gaz qui accompagnent toujours le feu. L'application que nous en avons vu faire récemment à la découverte de « Lassalle » a donné d'excellents résultats. On a pu reprendre plusieurs tronçons de galerie qui, semblables à des fours à coke, étaient absolument en feu et se trouvaient en partie remplis de charbon incandescent provenant des éboulements.

DANS

LE

BASSIN

D'AUBIN-DECAZEVILLE

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Aérage. — L'aérage soufflant est employé dans presque toutes les mines à feux du bassin d'Aubin-Decazeville. On lui trouve l'avantage sur la ventilation aspirante de chasser les fumées vers l'extérieur à travers les fissures dues à l'exploitation, dans les mines peu profondes exploitées près de Decazeville, de faciliter ainsi l'approche du feu à combattre et de rendre la lutte moins pénible. D'un autre côté, en vertu de ce principe que le feu chemine toujours vers l'arrivée de l'air, on pourrait lui reprocher de faire'descendre les feux anciens dans ies travaux nouveaux. La première considération paraît cependant avoir fait donner la préférence aux ventilateurs soufflants. Précautions relatives au personnel. — Nous ne pouvons terminer cette étude, sans dire un mot relatif aux précautions prises pour mettre les ouvriers à l'abri du danger. Dans chaque mine à feux existe un personnel de « gardesbarrages » , expérimentés pour le travail aufeu. Ces ouvriers sont chargés de l'arrosage des feux d'une façon normale et savent que cette opération ne peut se faire qu'avec une certaine prudence. L'eau lancée trop brusquement au début sur le charbon incandescent peut produire des éboulements ou des projections de cendres, par suite du dégagement rapide de la vapeur, et occasionner des accidents, ainsi que le démontrent les exemples suivants. Le 11 novembre 1889, un feu s'était déclaré en couronne d'une galerie située au niveau 186 (1™ tranche) du Sud de la Petite Cuvette de Bourran. A un moment, voyant que le boisage brûlait, on lança, à l'aide d'un seau, une certaine quantité d'eau sur le feu ; il se produisit alors un éboulement de charbon enflammé dont faillit être victime le maître-mineur du quartier. Le 8 juillet 1894, le nommé Joulie, garde-barrages à la mine de Combes, fut brûlé en diverses parties du corps