Annales des Mines (1902, série 10, volume 1) [Image 297]

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DIMINUTION

DES

RISQUES

D'ACCTDENTS

On voit que les risques de mort afférents aux causes diverses, y compris le roulage souterrain et les accidents à la surface, ne se sont pas sensiblement modifiés. Finalement, dans l'intervalle des cinq périodes considérées, c'est-à-dire en l'espace d'une quarantaine d'années, la mortalité moyenne par accident, dans les houillères françaises, s'est abaissée dans une proportion voisine de celle de 3 à 1. Ici trouve place une observation de principe. On est tenté, par une pente naturelle de l'esprit et à l'imitation des statisticiens anglais, de chercher le rapport qui existe entre le nombre des mineurs tués et la quantité correspondante de houille extraite annuellement. Eh comparant de cette façon l'année 1850, où il 3' a eu 122 ouvriers tiiés, et l'année 1900, où l'on en a compté 230, on trouve que, pour 1 mort, on a extrait environ 36.300 tonnes de charbon en 1850 et 145.200 tonnes, soit quatre fois plus, en 1900. Mais cette méthode ne me paraît pas recommandable pour l'étude des risques d'accident. Elle a, en effet, l'inconvénient d'introduire dans la question un nouvel élément, le rendement annuel de l'ouvrier; et ce rendement dépend de la constitution des gisements, de l'épaisseur des couches de charbon, des conditions dans lesquelles se fait l'exploitation. Conséquemment les résultats des calculs ne sont nullement comparables d'un bassin à un autre, d'un pays à un autre. En particulier, une statistique internationale des accidents ne saurait avoir pour base rationnelle le montant de la production houillère substitué au nombre des ouvriers employés dans les mines. Qu'il me soit permis de rappeler, en terminant, une indication générale, déduite des statistiques françaises et étrangères, que je donnais dans mon Rapport présenté au premier Congrès international' des accidents du travail,

DANS

LES

HOUILLÈRES

FRANÇAISES

DEPUIS

1833

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en 1889. En traitant des éléments du prix de l'assurance r je concluais comme il suit : « Si l'on considère un nombre fixe d'ouvriers exerçant la même profession, à condition que ce nombre soit considérable (100.000 par exemple), on constate une surprenante régularité dans le nombre des accidents qui atteignent ces ouvriers, chaque année, et dans celui des victimes, des tués et des blessés. Sans doute, il se manifeste des écarts, d'une année à la précédente ; mais les variations, que révèlent les statistiques, lorsque celles-ci sont exactes,, sont, en général, d'ordre secondaire. « Il résulte de là que les accidents, lors même qu'ils semblent dus au pur hasard, sont régis par des lois mystérieuses. Ils se produisent annuellement avec une fréquence en quelque sorte fatale. C'est sur la fréquence des accidents de même espèce que sont basées, comme chacun sait, les assurances. Le principe de la constance des risques pour une organisation déterminée du travail, dans chaque branche de l'activité humaine, constitue la base fondamentale des études théoriques relatives aux accidents. « Toutefois les lois du hasard ne sont pas absolument inllexibles. Dans toutes les industries où l'on s'applique à prévenir les dangers, où de bienfaisantes inventions se répandent, où dé salutaires prescriptions se multiplient en vue de mieux assurer la sécurité des personnes, on voit les risques diminuer. L'emploi des lampes à treillis métalliques et des ventilateurs dans les houillères infestées de grisou, celui des signaux de protection, des freins automoteurs, des appareils d'enclenchement sur les chemins de fer, des soupapes de sûreté adaptées aux chaudières à vapeur, des dispositifs si variés propres à mettre les ouvriers à l'abri des outils et des organes de transmission des machines en mouvement dans les établissements industriels de toute sorte, se traduisent dans les statistiques', surtout dans les statistiques décennales, d'une