Annales des Mines (1902, série 10, volume 1) [Image 180]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNERAILLES DE M. CORNU

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES DE M. CORNU

rétablissement des communications avec l'extérieur, Cornu

sut trouver le moyen de déchiffrer, rapidement et pratiquement, les dépêches microscopiques apportées par les pigeons voyageurs, et rendit ainsi à la défense nationale des services qui méritent d'être rappelés. Des voix plus autorisées que la mienne vous ont retracé sa carrière scientifique et vous ont rappelé les beaux travaux qui l'ont classé, jeune encore, parmi les physiciens les plus distingués et lui ont ouvert à trente-sept ans les portes de l'Institut. Mais, si je suis moins qualifié pourparler de son œuvre, j'ai pu, par contre, au cours de ces deux dernières années, apprécier ses qualités personnelles, sa grande bienveillance et la conscience avec laquelle il s'occupait de toutes les questions concernant, non seulement son enseignement particulier, mais aussi l'enseignement général de l'École. Comme professeur, il savait, allier à une science profonde un remarquable talent d'exposition. Dans les Conseils de l'École, nul ne savait mieux que lui résumer une discussion et, dans un langage plein de chaleur, défendre les mesures qui, dans son esprit, lui paraissaient intéresser l'avenir de l'École. Pourquoi faut-il que la mort cruelle soit venue l'arracher ainsi à ses travaux, à l'affection dos siens, et briser cette existence si utile encore au pays et à la science? Aussi est-ce avec une bien vive émotion que j'adresse, au nom de l'École, à sa famille si cruellement éprouvée, l'expression de notre profonde et douloureuse sympathie.

DISCOURS DE M. MERCADIER Directeur des Études à l'École Polytechnique,

AU NOM DU CORPS ENSEIGNANT DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE.

Messieurs, Le corps enseignant de l'École Polytechnique, privé subitement et cruellement de son doyen, a dans cette triste cérémonie sa place toute naturelle. C'est au nom de ses collègues et de ses collaborateurs, qui furent ses amis, que je viens adresser à Cornu le suprême adieu. Depuis 1864, il appartenait à l'École Polytechnique : pendant trente-huit ans, il lui a consacré la plus grande partie de sa vie. Il l'aimait profondément. Dans ses laboratoires, si remplis de son activité, et maintenant si vides, on a dit les beaux travaux qu'il avait accomplis; peut-être appartient-il de dire comment il les faisait à celui qui fut le plus ancien de . ses collaborateurs, avant, pendant et après les jours et les nuits de l'année terrible. Dès son séjour à l'École des Mines, et jusqu'à ces derniers jours, ce fut un travailleur infatigable. La recherche scientifique fut sa grande passion : passion très désintéressée, car il aimait la science pour elle-même et non pour ce qu'elle peut rapporter. Dans les premières années, il passa sa vie au laboratoire ; plus tard, il y vécut tout le temps que lui laissaient ses devoirs de famille. Son ardeur au travail ne s'apaisa jamais. Il avait toujours sur le chantier plusieurs œuvres commencées, se délassant de l'une, disait-il, en passant à l'autre. Le travail, qui, pour la plupart des hommes, est une peine, fut toujours pour lui une joie. Il travaillait avec allégresse : sans cesse on l'entendait se mettre à l'œuvre