Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 289]

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NOTE

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L'EXPLOSION

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Toutes ces hypothèses écartées, il en reste une qui parait infiniment plus simple et plus probable, celle de l'inflammation, rapidement transformée en détonation, aù contact de la flamme de la lampe du distributeur lui-même. Bien qu'à l'origine tous les témoins interrogés affirmassent unanimement que Bertinchamps n'employait jamais qu'une lampe de sûreté, et qu'il fût difficile, mais non impossible, d'imaginer comment le feu avait pu se transmettre d'une lampe de ce genre à une cartouche de dynamite, c 'est cette hypothèse de l'inflammation par la lampe qu'avaient admise, dans leur l'or intérieur, les ingénieurs du service local des mines et l'ingénieur en chef du service des poudres et salpêtres appelé par eux en consultation. Leur opinion intime à ce sujet s'est trouvée singulièrement renforcée par la suite. Plus tard, en effet, au cours de l'enquête et des débats judiciaires sur l'accident, il a été établi que, si Bertinchamps se servait ordinairement d'une lampe de sûreté pour circuler dans la bowette où le courant d'air était très vif, et pour stationner dans sou magasin, il employait, au contraire, une lampe à feu nu pour les travaux de réparation auxquels il consacrait le temps laissé libre par le service delà dynamite; le 28 novembre 1900, il était descendu avec ses deux lampes allumées. A-t-il commis l'imprudence d'entrer au dépôt avec sa lampe à feu nu? On ne saurait évidemment l'affirmer; mais il est permis de considérer comme extrêmement probable l'hypothèse de l'inflammation, bientôt transformée endétonat ion, par la lampe, ou par l'une des lampes, du distributeur luimême. Lors môme qu'on ne se rallierait pas à cette manière de voir, on devrait reconnaître que l'explosion s'est produite, sinon au moment précis où Bertinchamps délivrait des cartouches à un ouvrier, du moins au cours de là distribution quotidienne, c 'est -à-dire pendant une période de manipulation de la dynamite, et que, suivant toute

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vraisemblance, c'est à une maladresse, une imprudence ou un accident tout à fait ordinaire, survenus au cours de cette manipulation, que l'explosion doit être attribuée et non à une cause plus ou moins mystérieuse ou extraordinaire. Nous ajouterons que cette dernière conclusion subsisterait intégralement lors même que l'on admettrait la présence improbable dans le magasin d'une caisse de dynamite oubliée dont les cartouches auraient laissé exsuder de la nitroglycérine; il y a loin d'une exsudation pareille à une décomposition spontanée accompagnée d'explosion. Il était permis de se demander si les conséquences de l'explosion de la dynamite contenue dans le magasin n'avaient pas été peut-être aggravées par une inflammation de grisou ou de poussières charbonneuses. Mais cette hypothèse doit être, à notre avis, rejetée. Jamais, ni avant ni depuis l'accident, la présence du grisou, qui fait seulement, de temps à autre, quelques apparitions fugitives dans certains quartiers de la fosse, n'a pu être décelée dans le retour d'air sur lequel était situé le dépôt. La bowette, par laquelle ne passait aucune berline de charbon, n'était nullement poussiéreuse et, d'autre part, la teneur en matières volatiles des charbons des veines exploitées, teneur qui varie de 12 à 14 0/0 pour les veines situées au Nord du puits et atteint seulement 18 0/0 dans Ferdinand, au Sud de celui-ci, rend difficilement admissible a priori la production d'une inflammation de poussières; enfin, au cours de l'enquête, il n'a été relevé nulle part sur les boisages des galeries ou le guidage du puits de formation de croûtes de coke, comme l'on en constate à la suite d'un phénomène de ce genre. Pour toutes ces raisons, nous pensons qu'il y a lieu d'admettre que, dans l'accident du 28 novembre, seuls, les explosifs, dynamite et grisoutine, accumulés dans le