Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 148]

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NOTICE SUR EUGÈNE VICAIRE

NOTICE SUR EUGENE VICAIRE

depuis lors. Le frein à embrayage électrique d'Achardj le frein pneumatique de Smith, le frein à air comprimé de Wenger, le frein Lipkowski ont été successivement l'objel de ses recherches (*). Non seulement il a élucidé les questions les plus essentielles relatives h leur fonctionnement, trouvant mémo l'explication théorique de faits qui avaient surpris l'inventeur lui-même, niais il a été amené, chemin faisant, à examiner théoriquement et pratiquement un grand nombre de questions relatives aux freins en général. En ce qui concerne l'exploitation proprement dite des chemins de fer, Vicaire a produit divers travaux d'une haute importance. L'un d'eux, entrepris sur un programmé lixé par M. de Frevcinet, alors ministre des Travaux Publics, traite de la limitation de la vitesse des trains eu égard au tracé de la voie(**i. Habitué k envisager les questions d'un point de vue rationnel, Vicaire fut amené k proposer un maximum de vitesse avec loi de décroissement l'ondée sur la condition que le mécanicien puisse toujours, quelle que soit la pente, obtenir une réduction de vitesse déterminée dans un même parcours. La règle k laquelle il aboutit ainsi consiste a faire diminuer la vitesse de 15 kilomètres par heure, lorsque la pente augmente de 5 millimètres par mètre, résultat assez conforme aux indications de la pratique pour des trains non munis de freins continus. Comme rapporteur de la Commission chargée d'étudier les moyens de prévenir les collisions de trains occasionnées par la rencontre de plusieurs voies, il se livra à une ('•tude méthodique (**'), poursuivie dans un esprit vraiment scientifique, des combinaisons très variées que peuvent

offrir les rencontres de voies, ainsi que des conditions de circulation des trains. Cette étude fit progresser la question alors toute nouvelle des enclenchements qui établissent la solidarité mécanique entre les appareils placés sur les diverses voies. Ses conclusions ont servi de base à la circulaire ministérielle du (> août 1883, qui règle encore actuellement la matière. Il faut enfin citer un rapport étendu sur la comparaison du rail Vignolo et du rail à double champignon " . et des expériences poursuivies sur le réseau d'Orléans pour déterminer la consommation d'eau des locomotives. Ces expériences ont amené Vicaire it l'établissement d'une formule empirique, cadrant de façon remarquable avec les faits de la pratique, et qui a été adoptée par le ministère de la Guerre pour le calcul des approvisionnements d'eau nécessaires au service des trains de mobilisation sur le réseau d'Orléans. Vicaire se proposait de rédiger l'exposé des détails de sa méthode pour que l'application pût eu être faite à d'autres réseaux; il ne lui a pas été donné de réaliser ce projet. On peut, du moins, espérer que quelqu'un de ses collaborateurs saura y suppléer. Puisse le résumé qui précède avoir fait naitre chez le lecteur quelque idée de la variété des directions dans lesquelles s'est utilement dépensée l'activité scientifique d Eugène Vicaire, entretenue par un esprit toujours en quête d'un progrès nouveau et trouvant d'inépuisables ressources dans une érudition d'une étendue peu commune! Dans le corps d'édile qu'il a si hautement honoré par sa science et son caractère el où il comptait de si solides amitiés, l'éminent ingénieur laissera un souvenir qui ne périra point.

(*) Annales des Mines. 1' série, t. XVIII. p. 417 (1880); 8° série, t. Il (1880); t. XX (1000). (**) Revue Générale des Chemins de fer, t. Il, p. 16!) (2* semestre 1879), (***) Annales des Mines. 8° série, t. IV (1884).

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(*) Ibid.,!- série, t. XX (1881).