Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 144]

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fJOTICE SUR

KIOENE

VICAIRE

Nommé ingénieur en chef le 16 juillet 1881, il fut attaché en cette qualité, le 18 mars 1888, au contrôle de l'exploitation technique du réseau, d'Orléans où il resta jusqu'au 1" août 189i, date de sa promotion au grade d'Inspecteur général. Entre temps, i! avait professé la Mécanique ii l'Institut catholique, de Paris, et suppléé Serret dans la chaire de Mécanique céleste du Collège de France (1883-85), preuve nouvelle delà diversité d'aptitudes qui lui permettait dê mener de Iront le travail absorbant exigé par d'importantes fonctions administratives avec la recherche purement scientifique. Eugène Vicaire se dépensait encore dans de nombreuses commissions chargées d'études spéciales et où, presque toujours, sa vaste compétence lui faisait attribuer les fonctions de rapporteur. Elevé, comme Inspecteur général, à la première classe de son grade le 1 er novembre 1898, il était, peu de temps après, appelé à la présidence du Conseil général des Mines, à laquelle il joignait celle de la Commission certt cale des machines à vapeur. Offieierde la Légion d'honneur depuis le 13 juillet 1898, il fut successivement investi des fonctions présidentielles dans diverses sociétés savantes auxquelles il appartenait: en 1892, àla Société mathématique de France ; en 189.")-9(>, à la Société scientifique de Bruxelles; l 'année dernière encore, à la Société philomathique de Paris. Et, si la mort n'était venue l'enlever prématurément à l 'estime de ses collègues, il aurait eu le rare honneur, préparé par les intentions du Conseil, de s'asseoir pour la seconde fois dans le fauteuil présidentiel de la Société mathématique do France. Les dons élevés de l'esprit, les facultés puissantes d'assimilation et de travail s'alliaient chez Vicaire en une heureuse harmonie aux plus solides qualités morales.

NOTICE SUK EUGÈNE VICAIRE

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Fermement attaché à la foi catholique, ildonnaaux siens, dans les douloureuses épreuves qui ont attristé ses dernières années et jusque dans les horribles souffrances qui ont précédé sa fin, le haut exemple d'une résignation vraiment chrétienne. Du mariage qui l'avait uni, en novembre 1867, à M"" Roger, neuf enfants étaient nés : cinq garçons et quatre filles. Trois de ses fils, suivant la voie qu'il leur avait tracée, ont passé par l'Ecole Polytechnique, où ils eut soutenu la brillante réputation qui s 'était attachée au nom de leur père; l'un d 'eux est sorti comme lui dans les Mines ; les deux autres, dans les Ponts et Chaussées. Mais l'un de ceux-ci, son fils Paul, de même que son fils Henri, qui était entré au Séminaire d'Issy, lui ont été ravis à la fleur de l 'âge, plongeant son âme dans une tristesse qui ne devait plus le quitter et n 'a pas peu contribué à l'altération profonde de sa santé. Une doses filles avait dit adieu au inonde pour entrer au Carmol. C'est à l'automne de 1899, quelques mois après la mort de son fils Paul. qu'Eugène Vicaire ressentit les premières atteintes du mal qui devait l'emporter. Tue atrophie progressive des nerfs le priva d'abord de la parole, puis de I usage de ses mains. Devenu incapable, vers février 1900. 'le parler dans un amphithéâtre, il eut encore l'énergie de faire passer les examens qui, au printemps, terminent 1 année scolaire à l'Ecole des Mines. En dépit delà difficulté qu'il éprouvait à se faire comprendre et de l'impossibilité où il était d'écrire autrement qu'à l'aide d'une machine.il continua de remplir ses fonctions de président M Conseil général des Mines et à la Commission centrale des machines à vapeur jusqu'aux vacances de 1900, et d assurer régulièrement l'expédition des affaires courantes jusqu'au mois d'octobre de la même année. A ce moment, terrassé par le mal terrible dont les soins les plus dévoués et les plus attentifs ne parvenaient pas à enrayer les pro-