Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 49]

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table, et peut-être l'or n'y existe-t-il que dans un état de dissémination trop grand pour pouvoir jamais donner lieu à une exploitation fructueuse. Au surplus, l'épais tapis de mousse qui couvre la plus grande partie du sol rend-il les recherches très difficiles. L'enrichissement des sables et graviers de la bande littorale doit être attribué à un remaniement des dépôts situés sous la plaine de tundra, qui ont été peu à peu attaqués et lavés par la mer. Comme cette plaine de tundra parait devoir son existence à un mouvement graduel d'exhaussement de la région, il est vraisemblable qu'il doit y exister d'anciennes lignes de rivage le long desquelles on trouverait sans doute d'autres gisements exploitables, semblables à ceux de la bande littorale actuelle; mais il faudrait des recherches méthodiques pour les découvrir. Si les gîtes aurifères du Cap Nome ont seuls, ou peu s'en faut, été exploités en I89'J, il en existe cependant un certain nombre d'autres le long ou non loin de la côte Sud de la presqu'île Seward, mais dont la plupart n'ont encore fait l'objet que de simples explorations. C'est ainsi, tout d'abord, que des graviers aurifères ont été découverts plus au Nord, dans les ravins de la pointe occidentale de la péninsule, entre le Cap du Prince-de-Galles, qui borde le détroit de Behring, et le Cap York, situé un peu plus bas vers le Sud-Est, à l'entrée de la baie de Port Clarence ; un conducteur de rennes, en lavant, au moyen d'appareils assez grossiers, les sables d'un cours d'eau tributaire de la rivière Onokovuk, y a recueilli pour 40 francs d'or en quatre heures de travail, et d'autres gisements exploitables ont été reconnus dans la même région. L'or a été signalé également, dans des conditions très analogues à celles du Cap Nome, un peu à l'Est de celui-ci, dans les bassins des rivières Bonanza et Solomon ; les explorations qui y ont été faites auraient donné des teneurs de 5 à 10 cents (0 fr. 26 à 0 fr. 52) par bâtée. Plus à l'Est se trouve le district de la baie de Golofnin et de la Fish Biver, qui se jette dans cette baie; on y connaît un riche gisement de galène argentifère sur lequel avaient été faits, de 188b à 1890, d'assez sérieux essais d'exploitation; mais on s'est porté surtout sur les gîtes aurifères, consistant en alluvions, de nature principalement granitique. Trois à quatre cents personnes y ont été occupées en 1898, principalement dans le bassin de la Neukluk Biver, branche occidentale de la Fish River; les placers

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les plus riches sont, paraît-il, ceux de l'Ophir Creek, où l'on cite un claim qui aurait donné, en- 1898, près de 400.000 francs. Plus loin encore cà l'Est, on a signalé la présence de l'or, d'une part; à la rivière Unalaklik, qui se jette dans le Norton Sound; d'autre pari, dans les vallées adjacentes aux rivières Anvik et Nulato, qui sont elles-mêmes des aflluents du Yukon. Ce n'est qu'après le rush du Klondike, en 1897 et 1898, que ces divers gisements aurifères ont été découverts dans la presqu'île Seward, d'abord à la baie de Golofnin, où s'installèrent de nombreux prospecteurs venant du bassin du Yukon, puis au Cap Nome, où un missionnaire suédois trouva, le premier, de l'or, en juillet 1898, sur les bancs de sable de la Snake River et dans les alluvions de l'Anvil Creek. Cette dernière découverte provoqua un afflux général de population vers la nouvelle région, si bien qu'en quelques semaines la ville de Nome fut fondée. Les prospecteurs se bornèrent d'abord à explorer les vallées, où de nombreux claims furent jalonnés, et où, dès l'automne de 1898, une certaine quantité d'or fut extraite. Mais, en juillet 1899, un mineur de Nome trouva de l'or dans les graviers du littoral, d'où il put extraire, dit-on, pour 6.000 francs de métal en vingt jours de travail. Aussitôt la population entière de Nome se porta sur la plage. La règle voulant qu'aucun claim ne |iût être pris à moins de 18 mètres de la ligne des hautes marées, il y avait là une zone où chacun pouvait creuser à sa guise, et où, en fait, de 1.000 à 2.000 hommes travaillaient tous les jours les uns à côté des autres, vivant, paraît-il, en assez bonne intelligence, par suite de cette idée, très répandue parmi eux, que le gîte se renouvelait indéfiniment par des apports de la mer. On estime entre 3 et 5 millions de francs la valeur de l'or ainsi extrait pendant l'été de 1899. Dans les placers des ruisseaux et des ravins, la méthode d'exploitation consiste à barrer le cours d'eau, enlever les morts-terrains, et laver les alluvions au moyen de sluices fixes ou de sluices portatifs en bois. Dans certains cas, on emploie également l'appareil oscillant dit « berceau ». L'or, assez grenu, est facilement séparé du sable rouge ou noir que l'on recueille avec lui dans les sluices, par lavage à la bâtée, ventilation au moyen d'un soufflet, et enfin triage à l'aimant pour enlever la magnétite. La difficulté, pour exploiter les plus élevés de ces gisements, provient du manque d'eau, qui obligera à y installer des machines élévatoires.