Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 21]

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DE

L'EMPLOI

DE

L'ACIER

AU

NICKEL

Le nickel, ayant une affinité particulière pour le soufre, absorbe intégralement dans ces deux opérations les petites quantités de ce corps qui peuvent se trouver dans le charbon employé. Aussi doit-on ensuite le désulfurer énergiquement dans un four à réduction. La matière devenant alors pulvérulente, on l'agglutine avec de la farine de blé, on forme des galettes qui sont ensuite cuites pour leur donner de la solidité. Puis on porte ces galettes dans un four neutre où on pousse la température assez haut, sans toutefois atteindre le point de fusion du nickel. Les matières organiques sont détruites, et il reste des pains spongieux qui contiennent de 99 à 99,5 p. 100 de métal fin. Ce sont ces pains qui constituent la matière première commune des diverses industries du nickel. Si on veut l'obtenir à l'état métallique, on chauffe les pains jusqu'à fusion. Les pains entrent directement dans la composition des charges des fours à acier. Les pains se vendent environ 3 francs le kilogramme. Deux causes contribuent à élever le prix de revient de l'acier au nickel: d'une part, le fret de transport du minerai pauvre contenant 94 p. 100 de poids mort, et, d'autre part, le traitement complexe qu'on lui fait subir. Sur le premier point, il semblerait, en effet, qu'il y aurait avantage à obtenir, sur les lieux de production mêmes, de la fonte ferro-nickeleuse ou, au moins, des mattes enrichies. Nous croyons savoir qu'on va installer dans ce but, en Nouvelle-Calédonie, de véritables hautsfourneaux. D'un autre côté, il est bien inutile de déferrer le nickel au Bessemer, puisqu'il doit ensuite être uni à l'acier. Si les débouchés des aciers au nickel augmentent, on préparera sans doute des ferro-nickels spécialement destinés à la fabrication de l'acier. Ces produits seront d'un prix relativement moins élevé que le nickel presque pur, qu'on affecte aujourd'hui à cette application.

DANS

LES

CONSTRUCTIONS

NAVALES

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Dans les circonstances actuelles, l'élévation de prix due à l'addition du nickel est assez sensible pour les aciers à 5 p. 100. Elle devient notable pour ceux à haute loueur (25 p. 100). Les gros blooms de cette nature, atteignent le prix de 1 fr. 20 à i fr. 50 le kilogramme, au lieu «le O fr. 45 à 0 fr. 50, prix de l'acier ordinaire de mêmes dimensions. En raison du prix élevé de la matière, on doit conserver avec soin les copeaux et chutes d'usinage. Ces déchets seront réemployés avantageusement dans la fabrication ultérieure. Leur valeur doit venir en atténuation du prix de revient des pièces. II. La fabrication de ces nouveaux aciers est certainement des plus délicates. Les usines de production en gardent soigneusement les secrets. Malgré la multiplicité dos précautions prises pour les opérations au four, les produits ne paraissent pas toujours conserver une composition et surtout des propriétés constantes. Une des causes principales des difficultés de fabrication réside certainement dans l'affinité excessive du nickel pour le soufre. Les moindres traces de ce dernier corps qui se trouvent dans les gaz de chauffage, dans les fondants, etc., sont absorbées parle bain métallique. Le soufre tend à produire la liquation du ciment. Le travail de forgeage à chaud ultérieur produit alors des décollements intérieurs. III. Pour des pièces d'une ténacité déterminée, l'emploi de l'acier au nickel exige une plus forte dépense d'énergie d'usinage que celui de l'acier ordinaire. En effet, avec ce dernier, les pièces sont d'abord usinées à l'état naturel mou ; après avoir reçu, de la double opération de la trempe et du revenu, le degré de dureté convenable, elles n'ont plus à subir qu'une rectification de peu d'importance. Avec l'acier au nickel, au contraire, tout l'ajustage se fait ave'c le degré de dureté final et