Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 20]

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DE

L'EMPLOI

DE

L'ACIER

AU

NICKEL

prendre la structure grossière qui le rendrait fragile après le refroidissement. On peut donc supprimer l'opération do la trempe, toujours délicate, et éviter, par suite, les nombreuses causes d'altérations qui en dérivent : déformations, brûlure ou aigrissement du métal, oxydation, tapures, fragilité excessive quand les pièces ont été trop longtemps maintenues à la température m axima finale. L'addition du nickel permet donc d'employer des aciers à haute teneur en carbone, par suite à haute résistance, que leur fragilité avait fait jusqu'à présent rejeter des constructions soumises à des variations brusques d'efforts. Elle permet aussi, pour les aciers les plus durs déjà employés couramment dans la Marine Nationale, de les faire travailler, en raison de la diminution de leur fragilité, à une valeur plus rapprochée de leur limite élastique. Dans les opérations à chaud, les nouveaux aciers se laissent travailler très sensiblement aux mêmes températures que les aciers ordinaires dont ils dérivent, soit du rouge sombre (650°) au jaune avancé (1.150°), suivant la proportion de carbone, la grosseur des pièces et la nature même de l'opération. Les procédés de forgeage n'ont donc pas besoin d'être modifiés. Ces températures de forgeage pratique, par suite de l'abaissement des points de transformation allotropique, correspondent à un durcissement excessif de l'acier au nickel, durcissement bien supérieur à celui produit par la trempe sur les aciers ordinaires d'égale teneur en carbone, et tel que le métal refroidi devient absolument inattaquable à toute espèce d'outils. Pour pouvoir le travailler, il est alors nécessaire de lui faire retrouver l'état de malléabilisation, en le maintenant pendant quelque temps à la température relativement basse qui le ramène à un état comparable, comme propriétés, à celui de l'acier ordinaire trempé. La dernière opération métallurgique après le façon-

DANS

LES

CONSTRUCTIONS

NAVALES

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nage à chaud doit donc consister en un recuit. Le degré ,1c i ■ i 1 recuit doit varier, suivant la teneur en nickel, du « bois glissant » (350°) au rouge sombre naissant dansl'obscurité (450°). Si certaines parties de la pièce n'ont pas été suffisamment touchées par ce recuit, et ont conservé l'état de dureté excessive acquis lors du façonnage à chaud, l 'outil n 'aura plus de prise sur elles. L'usinage constitue donc un contrôle des opérations à chaud, contrôle fait en chaque point des surfaces travaillées. Quand des difficultés de cette nature se présentent à l 'usinage, il suffit de reprendre, en la prolongeant, l'opération de recuit à la température de malléabilisation. Cerecuit à température assez basse (350 à 450°) peut être prolongé indéfiniment, sans courir les risques que présentent les opérations de trempe et de revenu ordinaires, quand elles sont conduites trop lentement ou trop rapidement. Réserves à faire au sujet de l'emploi des aciers au nickel. — A côté dos avantages capitaux que paraît devoir présenior l'emploi des aciers au nickel, il convient aussi de ne pas se dissimuler les inconvénients sérieux qui pourront on découler, et de faire un certain nombre de réserves au sujet de l'avenir de ces nouveaux aciers. I. Les principales mines de nickel sont situées au Canada et en Nouvelle-Calédonie. Les premières approvisionnent les usines d'Amérique ; les secondes, celles d'Europe. Le minerai de la Nouvelle-Calédonie, qui est un hydrosilicate de fer, de magnésie, de cobalt et de nickel, presque pur, contient environ- 6 p. 100 de ce dernier métal. Transporté en Europe, le minerai est d'abord traité au cubilot, puis le produit est déferré (*) à la cornue Bessemer. (*.) Expression d'usine : enlever une partie du fer.