Annales des Mines (1900, série 9, volume 18) [Image 230]

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FONÇAGE

PAR

CONGÉLATION

DU

PUITS

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Incidents divers et particularités. — Accidents aux tubes congélateurs. —• Nous avons vu qu'au début de la période de fonçage on avait constaté de nombreuses ruptures de tubes congélateurs. Ces ruptures avaient d'abord été attribuées à l'ébranlement produit par l'explosion de la dynamite, ou à des coups de mine mal dirigés. La fréquence de ces ruptures, même lorsque la dynamite ne pouvait plus être mise en cause, puisqu'elle n'était plus employée, et que les coups de mine furent faits moins près des parois, amena à reconnaître qu'il fallait en chercher ailleurs la cause. Vraisemblablement la rupture des tubes congélateurs doit être attribuée aux tensions exagérées que subit le métal par suite du retrait et à la diminution de résistance produite par le froid. Lorsque la température passe de + 15° à — ^"environ, une colonne de tubes de 130 mètres de longueur doit subir un retrait de 5 à 6 centimètres. Ce re'trait ne se produit pas brusquement, mais graduellement. Si, en raison des différences de conductibilité des diverses assises du terrain ou en raison des différences de proportion d'eau, il se forme de la glace en certains points plus tôt qu'en d'autres, le tube se trouve emprisonné en ces points dans de véritables étaux qui s'opposent à tout déplacement longitudinal. Les zones intermédiaires restant libres sont soumises à des efforts de traction considérables, qui arrivent à dépasser la limite d'élasticité du métal, déjà réduite en raison de la basse température auquel il est soumis; d'où rupture. Les bris de tubes se produisent toujours en section droite et aux manchons de raccord, dans la partie filetée présentant un point faible. Lorsqu'un tube est rompu, le chlorure de calcium se répand dans les terrains, en décongelant de proche en proche la glace contenue dans les fissures du terrain et en

DE

LA

MINE

DE

FER

D'AUBOUÉ

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suivant les lignes de plus grande perméabilité. Le chlorure peut venir jusqu'aux parois du puits, où l'on aperçoit alors soit un suintement, soit une source nettement déterminée qui détruit le givre formé sur la paroi. Le suintement ou la source apparaissent généralement plus bas que le point rompu. Quand un suintement se manifeste sur la paroi , on isole des couronnes collectrices les tubes soupçonnés en face de la zone d'émergence, et on démonte les têtes de tubes. Puis, au moyen d'un flotteur suspendu à un fil, on recherche le tube rompu. Lorsqu'on eut remarqué que les tubes se rompaient à un raccord, on figura, sur un développement de la paroi du creusage, la position des joints de chaque colonne de gros tubes. Un suintement était-il remarqué, on relevait exactement le niveau du point précité ; puis ce niveau permettait d'observer à quelle distance au dessous on rencontrerait le premier joint de gros tubes, représentant le point de rupture. Un trou de barre à mine, fait ensuite dans la paroi, en face du joint soupçonné, venait généralement confirmer les prévisions. Il fallait alors procéder à une réparation . Comme on ne pouvait songer à descendre une colonne de secours dans chaque tube rompu, on n'hésita pas, en raison de la solidité du terrain, à aller rechercher le tube rompu au moyen d'une excavation faite dans la paroi du puits. Une fois le point de rupture dégagé, on plaçait autour du tube un collier de fer, en deux parties, enchâssant les deux tronçons avec interposition d'un collier de plomb. Le tout, fortement serré et maté, donnait une étanchéité parfaite (Voir fig. 4 ci-contre). La fig. 4, Pl. XVI, indique les sondages dans lesquels les tubes congélateurs se sont rompus ; nous en donnons ci-dessous la liste :